Le Parker’s Lodge

par Claude Proulx (2000) et Paul Carle (2019)

Narsisse Ménard, obtient un Bon de location de l’Agent des Terres de la Couronne, en 1849, pour coloniser le lot sept, dans le septième rang du canton Morin. Il cède, en 1909, une parcelle de terre sur le bord du Lac Paquin à un de ses gendres, Ferdinand Parent. Ce site pittoresque favorise plusieurs transactions parmi la population anglaise de Montréal, qui convoite l’endroit pour la beauté du paysage et pour y bâtir leur résidence en montagne.

L’auberge le Parker’s Lodge est situé au 1340, chemin du 7e rang, sur une partie du lot 7, rang 7, Canton Morin.

À cet endroit, en novembre 1909, madame Elizabeth Shea achète de Ferdinand Parent une partie de terrain et elle y construit un chalet.

Plus tard, en 1919, Gertrude McCashill acquière la propriété avec son époux le capitaine John McCashill, chef des pompiers de la Ville de Montréal. On y construit une nouvelle maison de campagne, qui domine les bords du Lac.

Le 24 février 1930, Frederick Anthony Markum, de Montréal, principal actionnaire dans l’entreprise Rymark, se porte propriétaire des lieux pour la somme de deux mille dollars.

Puis, en août 1944, la veuve de monsieur Markum, Sarah Ann Crawford, vend le domaine à John Borden-Parker pour la somme de cinq mille deux cent cinquante dollars.

John Parker, un célibataire de trente et un ans d’âge, occupe sa nouvelle maison de campagne le huit septembre 1944, le Jour de la fête du Travail et date de son anniversaire de naissance.

« Mon intention, nous raconte-t-il, était d’établir un Ski House pour les membres de ma famille et pour mes amis. Durant les hivers, la demande pour venir skier les fins de semaine se fait grandissante de la part d’amis et confrères de travail. Les invités partageaient les frais en payant la jolie somme d’un dollar par week-end pour loger dans mon Ski-House. Il m’a fallu augmenter à une piastre et demie, le tarif pour amis. Ceux-ci, en provenance de Montréal, voyageaient par le train du CPR pour venir à Val-David. Le billet pour un aller-retour coûtait deux dollars. On allait les chercher à la Gare de Val-David le vendredi soir, puis on les ramenait le dimanche après-midi. »

Le 7 décembre 1946, John Parker se marie à Montréal à Helen Waring. Le couple, qui habite la grande ville, vient passer tous les week-ends durant la première année de leur mariage au chalet du Lac Paquin. L’année suivante, Helen habite le Lac Paquin à plein temps. En 1947, Helen et John procèdent à un premier agrandissement de leur maison. Ils bâtissent un living-room, une grande salle à dîner et une véranda du côté du Lac.

Le Parker’s Lodge en 1948. Dessin de Sonia Paquin, 2000. Collection SHPVD

 

En 1948 les rénovations se font plus évidentes avec l’ajout de quatre nouvelles chambres à coucher. L’exercice du métier d’aubergiste se précise de plus en plus. Les affaires sont bonnes et on procède régulièrement à de nouveaux aménagements pour recevoir la clientèle. C’est l’année de la fondation officielle du Parker’s Lodge.

Dès 1950, les membres du Monkland Tennis Club de Montréal se retrouvent régulièrement au Parker’s Lodge. Le coût du logement se trouve alors à six dollars par jour. C’est l’année où on installe un système téléphonique que l’on dit moderne, pour l’époque. Un switch-board, comme on l’appelle, avec ses fiches de branchement. Celui-ci est en opération jusqu’en 1998. Ce beau meuble, bien conservé par les propriétaires constitue une vraie pièce de musée à conserver et monsieur Parker n’a pas l’intention de s’en départir. Il est d’ailleurs connaisseur des belles antiquités.

Durant les années de 1964 et 1965, le Parker’s Lodge ajoute un troisième étage à la bâtisse principale.

Puis, on construit aussi un chalet à deux étages sur le bord du lac. L’établissement compte donc dix-neuf chambres. Adélard Ouimet avec ses deux fils Claude et Réal dit frisé, ont été les principaux ouvriers de construction de monsieur Parker.

Le 2 août 1969, Helen Waring-Parker, l’épouse de John nous quitte pour d’autres Cieux.! Helen fut l’âme de notre entreprise, nous dit monsieur Parker, elle possédait l’art d’accueillir les clients et c’est grâce à elle que nous avons si bien réussi. La préparation des repas était basée sur les recettes de mon épouse Helen qui avait suivi des cours à l’Hôtel La Sapinière.

La vocation touristique du Parker’s Lodge se manifeste en 1970 avec la construction d’une grande salle de réunion du côté du lac. Raymond Thisdale, entrepreneur au Lac Paquin, assure la construction de cette salle.

Celle-ci sert principalement aux séances de formation pour les employés des entreprises et devient l’endroit favori du C.N.R. Training School durant plusieurs années.

Vers 1974, on aménage une salle spécialement dédiée pour les amateurs de télévision. Là, on y trouve de vieux sofas installés en gradins.

John Parker, s’est ingénié à y créer une atmosphère d’amitié. Le décor de bois naturel, de tapis circulaires, de salons spacieux invite à la détente.

L’authenticité du style suisse de la bâtisse est acquise grâce aux connaissances de Pierre Cochand, fils d’Émile de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, un des pionniers des stations de ski dans les Laurentides.

En novembre 1998, l’auberge Le Parker’s Lodge est vendu à Nicolas Bouquet, qui a quitté sa France natal avec sa conjointe Caroline et leurs deux petites filles, Victoria et Elisabeth, pour venir affronter, le cœur léger, les rigueurs de l’hiver québécois.

Avec sa sœur Doris, monsieur Parker, continue d’occuper ses appartements privés sur place. John Parker décède à l’automne de 1999. Le Parker’s lodge reste alors vacant.

C’est en juin 2003 que les nouveaux propriétaires, France et Ludovic Bolla, sont tombés en amour avec le Parkers’ Lodge. Bien décidés à miser sur la convivialité qui a toujours caractérisé le Parkers’ Lodge, France et Ludovic ont tout d’abord procédé au grand ménage puis ont entrepris des travaux de réfection nécessaires pour une bâtisse de cet âge (isolation des fondations, toiture et autres petites améliorations à venir). Ils insistent par contre pour conserver le cachet rustique de l’auberge; ils n’ont pas modifié l’intérieur de l’auberge aux murs lambrissés façon rustique, où l’on peut apporter son alcool. Les convives s’y mêlent très naturellement les uns aux autres.

 L’hôtel The Parker’s Lodge en 2013. Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
 
 

Le Parker’s Lodge semble vacant depuis au moins l’automne 2018.