Anne Piché

Anne Piché  a été conseillère municipale très impliquée dans le plein air et tout spécialement dans le projet du Parc. Elle a été victime d’un éboulis de pierres dans les Rocheuses. Les amis du plein air sont en état de choc et en grande peine. Le chalet d’accueil de Val-David sera appelé Anne-Piché à sa mémoire. ( Suzanne Arbique) 

 

Hommage à Anne Piché, décédée dans la force de l’âge 

paru dans le Ski-se-Dit, en septembre 2004


 
Anne Piché et son conjoint Laurent Homier en juillet 2004 à Whisler en Colombie-Britanique. Source Ski-se-Dit

 




Ce mois-ci, un précédent dans l’histoire de cette chronique réservée aux gens d’ici, c’est de façon posthume que nous reviendrons sur la personnalité de cette jeune femme morte dans la force de l’âge et en pleine période productive. Nous reproduirons quelques témoignages qui en disent long sur Anne Piché. Pour vraiment témoigner éloquemment de ce qu’elle représentait pour les gens qui l’ont connue et fréquentée, et pour toute la communauté de notre village, nous aurions eu besoin de plusieurs pages de cette édition. Nous avons malheureusement dû limiter les interventions à celles qui suivent. C’est le papa d’Anne, Monsieur Jacques Piché qui rapporte lui-même sa vision de ce que fut cette cérémonie. (André Berthelet)


CÉRÉMONIE D’ADIEU A ANNE PICHÉ.

Par Jacques Piché, père de Anne

« C’est dans une église comble que citoyens de Val-David, parents et amis de notre fille Anne lui ont rendu un dernier hommage en ce samedi 15 août. La cérémonie organisée par le conjoint de Anne, Laurent Homier, nous a fait passer par toute la gamme des émotions engendrées par les témoignages touchants de la part de Laurent, d’amis, et d ‘élèves de Anne et du maire Dominic Asselin.

Nicole Davidson a ouvert la cérémonie par des lectures religieuses et d’un poème de Charles Péguy. Laurent fit lecture d’extraits du journal de Anne dans les jours précédant l’accident fatal; des amis de Anne et des membres de la famille de Laurent ont chanté en son honneur ou joué du piano et de la flûte traversière. Laurent avait judicieusement sélectionné des pièces de musique parmi les disques préférés de Anne et celles-ci ont été écoutées avec émotion par l’assistance.

J’ai moi-même contribué en exécutant au piano des pièces appropriées, sélectionnées en fonction de leurs mélodies harmonieuses et riches en accords et leurs titres évocateurs : I thought about you (J’ai pensé à toi); Too long at the fair (Trop longtemps à la foire, qu’on pourrait remplacer ici par Trop longtemps à la montagne); et You’re breaking my heart (Tu me brises le cœur).

Pour clore la cérémonie, quelque 35 diapositives de Anne prises pendant son dernier voyage ont été projetées sur écran pendant que Gilbert Homier chantait l’Ave Maria en a capella. Tous les témoignages reçus furent à l’effet que ce fut une cérémonie hors de l’ordinaire et Anne a même eu droit à une ovation spontanée à la suggestion de Martin Deblois Les cendres de Anne reposaient dans un coffre en bois de tulipier fabriqué par Mario Létourneau de Val-Morin. Des dons ont été recueillis pour pour la Société du parc Dufresne, la Fondation Mira et la SPCA.

Nous conserverons de ce jour à Val-david un souvenir inoubliable. Merci à tous. »

Par Laurent Homier

Quelques extraits de l’hommage que Laurent Homier rendait à sa conjointe décédée:

« Merci d’être ici pour rendre ensemble un dernier hommage à Anne Piché. cette femme qui faisait l’unanimité dans nos coeurs et pour qui, j’en suis certain, nous faisions l’unanimité dans le sien. J’ai décidé de présider moi-même la cérémonie parce que c’était important pour moi d’accompagner Anne jusqu’au bout.

À son retour de voyage, Anne devait organiser un méga  » party » pour célébrer ses 40 ans. On devait y danser jusqu’au petites heures du matin. On est  tous ici aujourd’hui pour lui dire combine on l’aimait et on l’appréciait. On va juste danser un peu moins! Le 25 juillet dernier, à 8 heures du soir dans un décor magnifique, et alors qu’elle était remplie de bonheur, Anne nous quittait. Nous étions tous désireux de continuer à cheminer auprès d’elle mais la vie en a décidé autrement. Son départ va laisser un grand trou dans nos vies. La douleur est inqualifiable. Peu importe qu’on soit religieux ou non, il est important de croire au ciel ou au paradis, ou croire qu’elle reviendra dans un multiples bébés qui naissent ces temps-ci à Val-David. De croire qu’elle avait complété l’oeuvre de sa vie et qu’elle nous a tant laissé en héritage. De croire qu’elle entend nos prières et qu’elle nous aie à passer au travers nos souffrances. De croire qu’elle revient nous voir sous la forme de jolis colibris dans nos mangeoires le matin…

Anne était une femme merveilleuse. Je vais vous lire les mots de quelqu’un qui a bien su la reconnaître dès l’âge de 5 ans, son professeur de maternelle.  » Anne est une fille responsable qui a confiance en elle et jouit d’une bonne maturité. Elle participe à toutes les activités et a de bonnes habitudes de courtoisie envers les autres. Elle possède une imagination créatrice et fait preuve de persévérance et de ténacité dans ce qu’elle entreprend. Anne s’exprime facilement malgré de petites difficultés avec les ch et les j… C’est une enfant brillante et sérieuse. Elle s’intéresse à tout et aime ce qui est bien fait » Nous reconnaissons tous là les grandes qualités de Anne.

Ma belle Anne, nous t’aimons tous, nous t’aimons et nous t’aimerons toujours. »

Nicole Davidson

« Nous avions 20 ans de différence. Malgré tout, Anne et moi nous complétions si bien que je me vois amputée, en plus de vivre le deuil d’une amie, d’une collègue et d’une consoeur. Rassembleuse au message claire et sans ambiguïté, Anne trouvait primordial d’obtenir consensus et collaboration dans toutes ses démarches sociales et écologiques. Elle accordait sa confiance au monde tout en avouant sa trop grande naïveté, parfois, mais elle était si droite qu’elle pouvait difficilement imaginer la rouerie d’un interlocuteur.

Comme le dit si bien Michel Hanus, ce psychiatre qui a fondé l’association Vivre son deuil, en France:  » vivre son deuil, c’est transformer une relation extérieure en relation intérieure ». Ce qui guidait Anne continue de m’habiter, en particulier son amour pour la vie, les gens et les bêtes. Je crois en l’immortalité de l’âme. Je sais que Anne vit dans une autre dimension et c’est une grande consolation. Son grand dynamisme et sa volonté de faire bouger les choses seront, pour moi et pour beaucoup de personnes, une source inspirante pour l’avenir. »

Claude Lavallée, alpiniste de 72 ans

« Très chère Anne, même si je ne crois toutefois à la présence éternelle d’une personne chère dans ma vie. Ton regard, ton charme et, par-dessus tout, ta sincérité, m’ont profondément touché. Cela ne s’est produit que très rarement durant toutes ces années où j’ai côtoyé des alpinistes…

Un jour j’ai cru bon de passer le message aux Québécois que de devenir alpiniste était l’un des moyens les plus extraordinaires pour s’émanciper, pour se faire plaisir et, surtout, ajouter quelques strates supplémentaires aux sédiments de la vie qu’est le bonheur. J’ai toutefois, au moment où on m’annonce la mort d’un alpiniste québécois, un certain sentiment de culpabilité.

En effet, si j’avais gardé pour moi les sentiments de joie que me procuraient la varappe et l’alpinisme, très probablement qu’il y aurait eu beaucoup moins de Québécois pour prendre des risques dans une activité qui, objectivement, avouons-le, n’est d’aucune utilité dans la vie quotidienne, comme le précisait le grand Lionel Terray dans sa biographie intitulée  » Les conquérants de l’inutile » .

D’autres part, nous découvrons un moyen honnête et unique pour nous faire plaisir, il va de soi d’en parler à d’autres, n’est-ce pas? Mais quelques fois j’ai tout de même le regret d’en avoir trop parlé, comme dans ton cas!

Voilà, Anne, la réflexion que je devais de t’adresser à titre posthume. Adieu.. »