Christopher (Christo) Stefanoff, artiste-peintre et entrepreneur

Par Paul Carle, historien

 

Le texte qui suit est largement inspiré d’extraits des Chroniques polonaises de Montréal, sous la plume de Zbigniew Wasilewski; le texte original est en polonais et traduit au français par Google Translate. http://kronikamontrealska.com/2018/04/06/christo-stefanoff-zapomniany-mistrz-swiatla-i-koloru/

 

 
 
 
Source: http://christostefanoff.com

 

 

 

 

Christo Stefanoff (né en 1898 en Bulgarie et décédé en 1966 à Val-David) a commencé sa carrière de peintre dans l’entre-deux-guerres et a exposé ses œuvres avec beaucoup de succès dans de nombreuses galeries d’art renommées en Europe. De nombreuses personnalités de cette époque acceptaient de poser pour des portraits de Christo: la reine néerlandaise Wilhelmina, Benito Mussolini, le président espagnol Niceto Zamora, le président suisse Giuseppe Motta, le poète Rabindranath Tagore, Greta Garbo et bien d’autres encore. Il a épousé, nous ignorons quand, Irena Pludowska.

  

 
 
 
Irena Pludowska, sa femme, peinte par l’artiste en 1945
 

 
 
 
Autoportrait de Christo (date inconnue)

 

 

 

 

La période de la seconde guerre mondiale sépare Irena de son mari bulgare. Christo a pratiquement passé toute la guerre en captivité. En 1944, il fut emprisonné dans le camp de concentration de Gross-Rossen, puis transféré dans le camp de Nordhausen-Dora pour être finalement libéré en 1945 du camp de Bergen-Belsen. Stefanoff a été emprisonné par les Allemands dans des camps de concentration pour son appartenance à Żegota, organisation clandestine humanitaire polonaise opérant de 1942 à 1945, organe du gouvernement polonais en exil, dont le rôle était d’organiser l’aide aux Juifs vivant dans les ghettos et au-delà. Les autorités allemandes d’occupation envisageaient la peine de mort pour avoir aidé des juifs .

Le couple Stefanoff se retrouve après la guerre et décide de rester aux Pays-Bas, où Christo crée des oeuvres illustrant des scènes de bataille. Ils s’établissent au Canada en 1952. Ils choisissent un endroit pittoresque des Laurentides qui devient une inspiration pour l’artiste : Val-David. Dès le début de son séjour au Canada, l’artiste est extrêmement actif, expose ses œuvres et reçoit des éloges. Il est choisi pour reconstruire le panorama détruit de « Jérusalem » à la cathédrale de Ste-Anne-de-Beaupré. Portraitiste reconnu, il peint au Québec des personnalités telles que le cardinal Paul-Emile Leger, le gouverneur général du Canada, R. Morton, le célèbre homme d’affaires Samuel Bronfman, le dernier consul général de la République de Pologne à Montréal d’avant-guerre, Tadeusz Brzeziński et bien d’autres. Il expose même en 1954 dans la grande salle de l’école du Sacré-Cœur à Val-David.

 

 Le cardinal Paul-Émile Léger (date inconnue) 

En plus de son art, Christo Stefanoff a apporté au Canada une technique de peinture peu connue, la spatule. Toutes ses oeuvres sont peintes selon cette technique, ce qui donne un effet tridimensionnel supplémentaire à sa peinture. Il est reconnu comme un maître qui opère parfaitement avec la lumière et les couleurs.

 

Paysage des Laurentides, Christo Stefanoff, 1953

 

En 1960 Christo Stefanoff fonde une galerie à Val-David, galerie qui existe toujours (au 1060, 10e Rang, Val David) mais n’est pas ouverte depuis plusieurs années au public. Mais il rêve encore plus grand. En 1961 il fonde avec des associés de la région un vaste projet de centre culturel à même sa propriété de Val-David. Il créé pour se faire une fondation à son nom.

 

La Gazette officielle du Québec, 29 juillet 1961

Le projet est vaste : le centre doit être composé de galeries d’art, de chapelles, d’une rotonde d’exposition et de lecture, de 20 cottages tout confort pour les étudiants en arts visuels et d’un amphithéâtre de concert en plein air. Une maquette est créée dans les années suivantes. Cette maquette existe toujours; elle est présentée en 1965 aux élus de Val-David. Un investissement d’un million de dollars.

 
 

 

Maquette du centre d’art datant du début des années 1960

L’Avenir du Nord, 28 septembre 1965

Mais tout le beau projet meurt avec Christo lui-même. En 1965, au début décembre, peu de temps après la présentation publique de son projet à Val-David, il subit une hémorragie cérébrale. Avec ses rêves et ses ambitions il meurt le 8 mars 1966 ; le service funéraire s’est tenu à l’église de Ste-Agathe-des-Monts, l’une des églises dont il a peint les vitraux (il a aussi travaillé aux vitraux de la cathédrale de St-Jérôme) ; il sera inhumé au cimetière Côte-des-Neiges à Montréal, à côté de la section de la Fondation sociale et culturelle polonaise. Son épouse Irena ferme à double tour la galerie d’art de Val-David (elle est encore fermée aujourd’hui); elle décèdera 41 ans plus tard, en 2005 et, selon son testament, sera enterrée avec son mari. Val-David soulignera le décès de Christo Stefanoff.

 
 
Stefanoff, La Presse, 4 mai 1966
 
 
 
 
 
Tombe d’Irena et de Christo Stefanoff au cimetière Cote des Neiges à Montréal.

 

On trouvera une biographie plus complète de Stefanoff (en anglais) à l’adresse suivante :

http://christostefanoff.com/biography.html?fbclid=IwAR0VjqBqgvou8vK8BVUGB5PBz300vfi0YDvPBs3WYhr0w50d1mVXJgCV7AI

Christo Stefanoff a laissé une trace très solide de son travail artistique dans l’héritage culturel de la communauté polonaise à Montréal. Entre autres dans l’église paroissiale de Saint. Trinity, rue du Centre 1660 : Stefanoff est l’auteur de 17 vitraux peints décorant l’église avec de nombreux accents polonais.

La collection actuelle des œuvres de Stefanoff se trouve dans la galerie d’art du 10e rang.Cette galerie comprend une centaine d’œuvres achevées, la maquette du centre culturel, la documentation et l’atelier du peintre dans l’état dans lequel il l’a laissé. Le propriétaire de la galerie est présentement M. Robert Pludowski, neveu de l’épouse de Christo Stefanoff Irena Pludowska. Robert Pludowski est aussi un peintre, un adepte de son oncle et crée ses œuvres avec la même technique d’application de peinture soit la spatule.

La galerie fut exceptionnellement ouverte au public le 6 avril 2018 pour marquer le 120e anniversaire de la naissance de l’artiste par le neveu de sa femme Robert Pludowski.

 

 Scène de l’intérieur de la galerie Stefanoff (probablement en 2018)