Kinya Ishikawa

Par Jocelyne Aird-Bélanger

 

Article paru dans le Si-se-Dit en juillet 2021

 
  Kinya dans son jardin de Silice, 14 juin 2021

Kinya Ishikawa vient d’être reconnu comme Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, une distinction qui honore des personnes ayant contribué de manière remarquable au rayonnement de la culture québécoise. Il soutient que cet honneur s’adresse aux 1001 Pots plutôt qu’à sa personne. Malgré ses 50 ans de pratique, il ne se considère pas comme un « Maître ». Il veut plutôt garder sa curiosité, son énergie et toujours rester à la recherche comme un jeune! Il se voit avant tout tel un organisateur qui rend possibles les activités du groupe.

En 1980, Kinya choisit de s’établir sur le 2è rang à Val-David, dans une maison qu’il a rénovée pour y loger sa famille et son atelier. Inspiré par la façon dont les artisans japonais communiquent avec leur public, il décida de déménager au village en 1987. Au début, Kinya exposait parfois avec d’autres potiers de Val-David, tels Lynn Gauthier, Robin Hutchinson ou Alain-Marie Tremblay. En 1989, pour centraliser leurs efforts, il a pensé organiser sur son terrain une première exposition d’été regroupant plusieurs céramistes du Québec. Cinquante potiers sont alors venus présenter chacun une vingtaine de pots, soit  » 1001 Pots », une exposition unique en Amérique qui dure depuis plus de 30 ans.

Kinya croit fermement que les 1001 Pots sont nés du climat de créativité et de l’esprit de solidarité qu’avaient semés les Créateurs associés. Le moment était propice à son projet, et ce fut plus facile pour lui de le mettre sur pied à cause des efforts de ceux qui l,avaient précédé. Éphémères, les  » 1001 Pots » ne reviennent que quelques semaines chaque année. Kinya rêvait  de quelque chose de plus permanent pour garder la présence des céramistes vivante toute l’année. Ainsi est né le jardin de Sicile. Il a imaginé une manière inusitée et brillante de recycler des pièces non réussies ou brisées et de leur donner une nouvelle vie dans les cloisons de son jardin, qu’il voit comme un lieu d’harmonie, de mystère et de paix. 

Nous sommes témoins actuellement de changements intenses dans notre environnement et cela l’inquiète, car il pense que les premiers touchés sont souvent les artistes et les artisans. On peut même le voir en ce moment où il devient déjà presque impossible  pour de jeunes créateurs de se loger à Val-David… La population va continuer à grandir, certes, mais il faudra garder clairement à l’esprit une sensibilité pour la culture. Ce n’est pas une question d’argent, c’est plutôt une question de fierté, de favoriser les contacts et l’apprentissage  et de garder sa porte ouverte, d’être prêt à aider. Les échanges entre les générations sont importants: il faut être des passeurs de culture. Quoi qu’il en pense, Kinya Ishikawa a bien mérité cette reconnaissance, lui qui travaille chaque année au 1001 Pots  depuis plus de 30 ans pour faire rayonner la céramique et les céramistes  québécois, cette exposition majeure qu’il voit perdurer avec confiance grâce aux nouveaux propriétaires.