Article paru dans le Ski-se-Dit , 12 janvier 2021
par Sandra Mathieu
Artiste en arts visuels, journaliste, enseignante, militante, archiviste, conseillère municipale et globetrotteuse, la Val-Davidoise Jocelyne Aird-Bélanger, aujourd’hui plusieurs fois arrière-grand-mère, porte depuis toujours plusieurs chapeaux, toutefois elle a constamment foncé la tête haute en gardant son équilibre, partageant son temps entre famille, art et nature. Aucun doute qu’elle a choisi le bon village, à moins que ce soit le village qui l’ait choisie!
Après avoir transporté son baluchon à travers le monde pour s’imprégner de la culture, enseigner et pratiquer son art, c’est en août 1974 que Jocelyne s’installe à Val-David avec sa famille, dans la maison où elle habite toujours près de l’Auberge du Vieux Foyer. Les filles de Pierre Bélanger, médecin de famille et artiste, et Jocelyne, avaient alors dix et six ans.
Elle parle de son mari avec beaucoup d’affection. « Le mariage est un vrai partnership! Ça fait 57 ans qu’on est mariés et il est encore un mystère pour moi », lance celle qui a tenu à garder son nom lors du mariage! Cette jolie maison avec vue a toujours été grande ouverte et Jocelyne se réfugie encore souvent dans son atelier pour réfléchir, créer ou encore écrire.
Cette femme douce et forte à la fois a fait partie des Créateurs Associés dès les débuts en 1975 jusqu’à la fin de l’association en 1990. « Je suis l’aînée d’une famille de sept, alors on peut dire que le collectif, je suis née là-dedans, confie dans un éclat de rire l’artiste qui célébrera ses 80 ans l’été prochain. Avec les Créateurs Associés, on a développé un réel esprit communautaire au fil des ans. »
Une vie consacrée à l’art et au partage
Jocelyne commence à s’intéresser au dessin à l’âge de 10 ans alors qu’elle est au couvent. Son choix se porte sur l’École des Beaux-Arts et un diplôme en pédagogie et communications. Elle s’initie à la gravure à l’Atelier de l’île de Val-David, dont elle a été la directrice de nombreuses années, après le déménagement au cœur de village.
Ses estampes et ses livres d’artistes ont été présentés au pays et à l’étranger dans une vingtaine d’expositions individuelles au Québec et en France et dans un très grand nombre d’expositions collectives au Canada et à l’étranger.
En plus d’enseigner au secondaire et dans différents secteurs artistiques, elle a longtemps offert du mentorat en arts visuels. « Selon moi, personne n’est en compétition, c’est important d’aider la relève, de partager mon expérience, ça me rend optimiste pour la suite », fait-elle valoir avec son regard bienveillant.
Une femme qui prend sa place
Première femme conseillère municipale à Val-David en 1975-1976, elle garde de bons souvenirs de cette époque, même s’il y avait de l’action lors des séances! « J’ai connu des gens de tous les milieux au cours de ces deux années. J’ai dû faire ma place dans un monde d’hommes. Ça m’a appris que, dans la vie, on fait ce qu’on peut et on doit reconnaître ses limites et parfois lâcher prise. »
Ceux qui connaissent Jocelyne le savent, elle est une mémoire vivante. Elle est impliquée auprès de la Société d’histoire et du patrimoine et on peut l’écouter des heures nous raconter des anecdotes et souvenirs d’hier à aujourd’hui, et ce, dans tous les domaines!
Elle a beaucoup écrit sur la condition féminine et a toujours défendu l’équivalence plus que l’égalité. On peut aujourd’hui la lire régulièrement dans le Ski-se-Dit et elle écrit également pour elle-même.
En plus d’une carrière artistique riche et diversifiée, Jocelyne s’est investie corps et âme dans la création du Parc régional, qui fait sa fierté aujourd’hui!
Le mot de la fin
« Je n’ai pas de leçon à donner à personne, mais, ce que je sais, c’est qu’on n’apprend jamais à souffrir. On vit dans un monde chaotique et exigeant et il faut constamment revenir à la beauté de la nature et des enfants. »
En rafale
Ce dont vous êtes le plus fière : ma belle relation avec mes deux filles, mes petit-enfants et mes arrière-petits-enfants!
Votre livre de prédilection : i Ching, je l’ai consulté toute ma vie.
Votre souhait pour Val-David : arriver à partager notre beau village pour qu’il prospère en santé, tout en protégeant la nature et la culture.
Une personne qui vous inspire? Ma mère et ma grand-mère! Le courage des femmes et des artistes. Sans oublier Nelson Mandela et Greta Thurnberg.
Si vous pouviez donner un conseil à celle que vous étiez à 20 ans? Ne jamais oublier que la vie est une aventure passionnante et parfois bien difficile. Il faut aller au bout de ses possibilités.
Qu’est-ce que les générations après nous peuvent apporter de plus positif à la société, à Val-David? Je crois dans la force des jeunes, dans leur énergie pour protéger la nature et la qualité de vie de notre village.
Qu’est-ce qui vous choque? Vous émeut? Vous fait rire? La bêtise et le manque d’empathie me choquent.
Les enfants m’émeuvent toujours. L’humour subtil de mon mari et de Charlie Chaplin me font rire depuis longtemps!
Qu’aimeriez-vous que les gens disent de vous dans 100 ans? Une femme qui a aimé sa famille, l’art, la nature, la vie.