Par Claude Proulx et Paul Carle
C’est à partir de l’église de la paroisse en passant par le Chemin de la Sapinière, la rue Lavoie et le chemin du premier rang Doncaster et jusqu’à la Croix de chemin de René L’Égaré, que les paroissiens entonnent de façon répétitive des Hymnes religieux durant la Procession de la Fête Dieu.
Des dizaines de familles composent la marche de six kilomètres, aller et retour, sur la route de gravelle, à laquelle participent les premiers colons et leurs enfants et leurs nouveau-nés dans les carrosses d’osier. Des voitures à cheval transportent les femmes enceintes et les chiens qui regardent passer la parade, aboient aux rythmes des chants grégoriens.
En 1875, Benjamin Boivin s’approprie le lot numéro trois, dans le 1e rang du canton de Doncaster. Vers 1900, il y érige une Croix de chemin à l’angle du Chemin Amédée Aveline, 10) aujourd’hui, Chemin Premier rang Doncaster et de la montée du onzième rang, canton Wexford, aujourd’hui, La Montée Gagnon.
La Croix de Chemin de René Légaré
Croix Légaré vers 2002. Photo Claude Proulx.
Telle qu’on la connaît aujourd’hui, cette Croix est la réplique exacte de celle érigée par Benjamin Boivin au début du 20e siècle. On la nomme, la Croix de chemin de René Légaré, à cause des soins minutieux que monsieur Légaré a consacrés depuis plus de soixante-dix ans à sa préservation et à sa conservation.
Même si elle n’est pas la plus ancienne de notre village, elle nous semble être la plus imposante des trois Croix de chemin conservées jusqu’à nos jours sur notre territoire.
Celle-ci est en bois et sa structure chanfreinée est assemblée à mi-bois. La hampe, la partie verticale, mesure cinq mètres quarante de hauteur et la traverse, la partie horizontale, donne trois mètres de longueur. Les trois extrémités présentent un décor tréflé. Les éléments de la Passion, motifs tirés des Évangiles, sont fabriqués en bois ; des tenailles ; un marteau ; un cœur à son axe ; une main, symbole des sévices et des gifles qu’on infligea à Jésus lors de son interrogatoire devant le sanhédrin ; une lance de la transfixion, signe de la mort ; une échelle et une niche qui abrite un triptyque de Joseph, l’Enfant Jésus et Marie.
Monsieur Légaré nous rappelle que c’est avec l’aide de monsieur Armand Lachaine et de plusieurs autres paroissiens qu’ils ont rebâti la Croix à trois reprises.
La plus récente réfection date de 1997. C’est Michel Légaré, fils de René, habile ouvrier du bois qui fabrique les motifs de la Passion. Et, comme c’est la coutume, les matériaux sont fournis gracieusement par monsieur Eugène Monette et sa fille Micheline. L’équipe des employés des travaux publics de la Municipalité s’affaire à la réinstallation en terre de la nouvelle Croix.
C’est à la Croix de chemin qu’on fait le mois de Marie ; celle-ci sert de substitut à l’église, en particulier dans les rangs, quand les travaux des champs mobilisent l’habitant jusqu’à la tombée du jour et qu’il y a à faire la neuvaine à Sainte-Anne.
Que de traditions, ces gens de chez nous, ont tenté de perpétuer ! Jusque vers les années 1955, les habitants du coin ont la bonne habitude de se réunir pour prier ensemble alentour de la Croix et le Curé Monty prend plaisir à venir se joindre à eux, comme nous raconte monsieur René Légaré.
La Croix de chemin dans le Vieux Val-David
Celle-ci est située dans l’arrondissement du Lac Paquin, au coin du Chemin du septième rang et du Chemin du dixième rang.
Érigée vers 1870, par un groupe de paroissiens ayant à leur tête Joseph Bélisle, elle est aujourd’hui sur la propriété de monsieur Roger Constantineau.
Cette Croix est en bois, peinte en blanc ; la hampe fait cinq mètres dix de hauteur et sa traverse donne quelque trois mètres de longueur. À son axe on reconnaît un cœur en bois de couleur sang de bœuf, symbole du reniement de Saint-Pierre et un autre motif, le soleil, symbole de la Divinité Les extrémités présentent un décor fleuronné rarement vu dans l’inventaire des Croix de chemin au Québec.
Elle a connu plusieurs réparations ; le coq de faîtage qui s’est envolé, est remplacé en 1980, sur l’initiative de monsieur Réjean Paquin. Le nouveau coq est l’œuvre de Jacques Girard, artiste sculpteur à Val-David. Le site de la Croix est aussi réaménagé ; on y installe une haie de cèdre pour remplacer la clôture de bois construite par ses premiers bâtisseurs.
La Croix de chemin de La Sapinière
Croix de la Sapinière, vers 2003. Photo Claude Proulx.
Celle-ci a été installée vers 1985 sur l’initiative de mademoiselle Marie-Andrée Dufresne. Elle est située sur le coté Nord du Chemin de La Sapinière à proximité du pont qui surplombe la digue qui sert de déversement du lac dans la continuation du ruisseau Doncaster.
Cette Croix est d’une facture plutôt discrète, elle montre un cœur, à la croisée de ses axes. Sa structure de bois est assemblée à mi-bois et la finition est en arête. La hampe mesure quatre mètres quatre-vingt de hauteur et la traverse deux mètres dix. Ses extrémités sont au décor polygonal.
Restauration des croix
En 2017, la Municipalité de Val-David annonçait la restauration de ces croix de chemin.
C’est le sculpteur et ébéniste val-davidois Mathieu Patoine qui a fait la réfection sur place en conservant l’intégralité des œuvres.
Des panneaux d’interprétation ont été aménagés à proximité de chacune des croix afin d’informer sur leur histoire qui leur est propre.