Les dépotoirs et la porcherie au Lac Paquin

Paul Carle, Michel Allard et Carmen Monette

Deux commerces « hors normes », à défaut d’autre expression, ont eu pignon sur rue dans les années 1960 et 1970 sur la terre que Jacques Parent avait acquise en 1954 de Joseph Beaulne (le lot 4 du 8e  rang du Canton de Morin).

 

 

Les dépotoirs au lac Paquin

Depuis la Préhistoire, les humains produisent des déchets (ex. excréments, cendres de bois, nourriture. À l’époque, les hommes sont des nomades qui produisent peu de déchets :  ils les jettent là où ils mangent et la nature se charge de les décomposer. 

Des siècles plus tard, les déchets deviennent problématiques lorsque les hommes devenus sédentaires se regroupent dans des villes ou villages :  les rues deviennent des dépotoirs. Les déchets, surtout des boues (d’où le mot « éboueur »), sont jetés dans les rues non pavées. Saleté, insalubrité, puanteur… la prolifération des maladies est inévitable. La gestion des déchets fait son apparition; les réseaux d’égout aussi. Mais c’est avec l’industrialisation des villes, l’arrivée de nouvelles matières (comme les métaux, les plastiques, etc.) et encore plus avec la société de surconsommation que les déchets se multiplient.

À Val-David, la gestion des déchets fait l’objet d’une première règlementation municipale le 7 juillet 1930 :  on défend alors aux habitants de jeter les déchets sur leur propriété, le long des chemins, des ruisseaux, de la rivière ou tout endroit où ces déchets peuvent être une menace pour la santé publique. 

Malgré cette règlementation, il sera courant – et nettement plus facile surtout pour les cultivateurs – d’enfouir ou jeter leurs déchets, gros rebuts, même carcasses d’animaux sur une partie de leur terre ou même dans les lacs et rivières. Il semble que ce soit en 1946 que la municipalité prenne en charge l’enlèvement des déchets.En 1952, une des conditions apparaissant dans l’appel d’offres pour

l’enlèvement des vidanges est que le soumissionnaire doit trouver lui-même un endroit où déposer les ordures de la municipalité de Val-David.  En l’absence de dépotoir municipal, on peut donc imaginer que les terres agricoles ont été un lieu d’enfouissement pratique. 

Nous savons qu’à la fin de l’année 1948, Paul Manzerolle a obtenu le contrat d’enlèvement des vidanges à Val-David. Il habite le secteur du lac Paquin, sur l’ancienne terre et dans l’ancienne maison de Napoléon Gascon sur le 8e rang, à peu près en face de la Montée du 8e rang. On ne sait pas où il allait décharger sa cargaison. Les voisins et habitants du secteur ne se souviennent pas d’un dépotoir à cette époque sur cette terre ou à proximité. Peut-être que le dépotoir du secteur Préfontaine de la Ville de Ste-Agathe-des-Monts, propriété de Adélard Legault, existait déjà? On a trouvé un écrit datant de 1956 dans lequel la municipalité verse à Legault un montant de 200$ pour y déposer les vidanges ramassées à Val-David. Certains commerçants allaient aussi y jeter leurs ordures. Par ailleurs, on sait que Léopold Vendette, qui a succédé à Manzerolle au début des années 1950, utilisait le dépotoir de Legault pour y déverser les déchets de la municipalité. 

En décembre 1969, la condition de trouver soi-même un endroit où déposer les ordures de la municipalité figure toujours dans l’appel d’offres de l’enlèvement des vidanges.  Marcel Parent, qui obtient le contrat de ramassage des ordures durant cette décennie, utilisera une partie de la terre de son frère Jacques, sur le 8e Rang, pour y déverser les déchets. Il semblerait que seuls Marcel Parent et William Ogilvie (qui ramassait les ordures ménagères de deux commerces de Ste-Adèle) étaient autorisés à y décharger le contenu de leur camion. L’été, les déchets sont déposés au sommet de la terre; l’hiver, parce que le chemin n’est que partiellement déneigé, le contenu des camions est plutôt déversé à la mi-montagne. 

Jacques Vendette, qui a succédé à son beau-père Marcel Parent en 1973, se rappelle avoir utilisé uniquement le dépotoir de Legault, accessible par le chemin Brunet, pour toute la durée de son contrat de trois ans. On en conclut donc que l’utilisation du dépotoir de Jacques Parent s’est terminée avec la fin du contrat de son frère Marcel, en 1972, William Ogilvie ayant cessé d’utiliser le dépotoir du Lac Paquin en 1966 ou 1967.

Aujourd’hui, il est impossible d’accéder à l’ancien dépotoir du Lac Paquin, puisque la terre a, depuis, été vendue en parcelles de terrains maintenant boisés et privés. Malgré que la végétation a repris le dessus, la ferraille et des tas d’autres débris jonchent encore le sol… 

Quant à d’autres dépotoirs sur le territoire de Val-David, possiblement qu’il y en a eu d’autres, entre autres celui de Stolan Davidson, sur le 2e Rang :  le 9 décembre 1952, un loyer de 20$ lui a été versé pour l’utilisation de son dépotoir jusqu’au 1er mai 1953. L’exploitation a peut-être été de courte durée, qui sait…

 

_____________

 *Le livre des procès-verbaux de 1940 à 1948 est manquant dans les archives de la Municipalité; nous ignorons donc qui a eu ce premier contrat d’enlèvement des ordures.

Photos automne 2020 (crédit Paul carle).
Images du dépotoir d’hiver et du dépotoir d’été, auparavant accessibles par le chemin de la porcherie de Bernard Ouimet, maintenant chemin privé.