Les épiciers au Lac Paquin

Par Claude Proulx

 

Nous sommes en 1899, au lac Grand-Maison, connu aujourd’hui sous l’appellation de Lac Paquin. Ferdinand Parent, devient propriétaire des lots de terres numéro six et sept du 7e rang, Canton Morin. Parent, est dit-on, de taille robuste et renommé pour sa vaillance.

L’année suivante, ce jeune homme, alors âgé de vingt et un ans, pionnier de nos cantons se construit une maison à deux étages de dimensions modestes.

Le bâtiment qui mesure vingt pieds sur vingt-quatre, est bien assis sur une fondation de pierres des champs ramassées une à une, à même la générosité des montagnes environnantes. La structure du bâti, a réquisitionnée des arbres des forêts laurentiennes. Les murs extérieurs se gavent de planches de bois, que le constructeur fait tailler et planer au moulin à scie opéré par Alexis Poitras, situé en bordure de la rivière du Nord à Bélisle’s Mill.

Ferdinand Parent, se marie à Amélie Paquin en 1903. Ils ont deux enfants : Rodrigue et Léa et le couple adopte la petite Germaine Husereau.

Parent subdivise la grande terre qu’il possède. La maison familiale se trouve sur les lots 6b et 7, sur le chemin du Roi, qui devient le Chemin du septième rang, au numéro civique 1401, en bordure du ruisseau qui sert de décharge du Lac Paquin. Ce terrain qui donne une superficie de 38,845 pieds carrés est de forme triangulaire.

Le 18 juin 1912, Ferdinand Parent, vend une pointe de terre de forme triangulaire, celle dont il est question précédemment, avec les bâtisses dessus érigées, à son ami Jean-Baptiste Husereau, époux en première noce de Marie-Ange Giroux. La transaction est de l’ordre de cent-cinquante piastres, dont cinquante piastres, versées le jour de la signature de l’acte d’achat et vingt-cinq piastres par année pour le solde.

Jean-Baptiste Husereau y ouvre et opère un commerce comme marchand général et épicier. Il semble bien qu’il s’agisse ici, du début d’une longue succession de propriétaires, commerçants d’épicerie, de restaurants et de dépanneurs, qui s’exercent dans ce bâtiment jusqu’à nos jours et qui connait au fil des ans, moult modifications, agrandissements et rénovations, de tous acabits.

Jean-Baptiste Husereau, marchand au lac Paquin en 1895. Photo Archives de la SHPVD.

Le 18 mars 1920, Alphonse Paquin, se porte acquéreur du fonds de terre et du commerce de monsieur Husereau, par un échange de biens et de lots de terres que ce premier possède au village de Ste-Agathe-des-Monts. Jean-Baptiste Husereau, doit cependant, donner une soulte de quatre cent piastres, à raison de cinquante piastres par an, laquelle compense l’inégalité de valeur des lots et des biens échangés entre les deux parties. Alphonse Paquin y opère aussi un bureau de Poste.

Adélard Husereau, journalier, devient propriétaire du commerce et l’opère à partir du vingt-six juillet 1920. Ce dernier revend l’établissement à François Chalifoux le vingt-cinq août 1930, lequel perpétue l’opération commerciale.

Henri Provencher, un mécanicien de Montréal, achète l’établissement le vingt-six juin 1931, puis se voit dans l’obligation de rétrocéder le commerce à son ancien propriétaire François Chalifoux, le premier octobre 1932, pour ne pas avoir été capable de satisfaire ses obligations de paiements.

Chalifoux qui se marie entretemps avec Mélina Parent, reprend donc la direction et la propriété du commerce avec son épouse.

Le trente mars 1938, Jean-Baptiste Husereau, achète le commerce. Il s’était marié en secondes noces avec Herméline Narbone et le couple a jusqu’alors sa résidence à Brébeuf.

Jean-Baptiste Husereau, alors âgé de cinquante huit ans, est le même personnage qui fonde ce commerce en 1912. On exécute des agrandissements au bâtiment, pour faire de celui-ci un véritable restaurant avec des cabines. Une salle de dance est en opération particulièrement durant la saison estivale.

À partir de 1940, durant les hivers, on y reçoit les skieurs de fond, qui arrivent en grand nombre de partout par la piste Maple Leaf et qui passe juste à coté du commerce.

L’endroit est bien fréquenté par les résidents et les villégiateurs qui ont leurs chalets au Lac Paquin. On y fait de très bonnes affaires.

Le vingt trois septembre 1944, Hormidas Paquin, cultivateur, marié à Florentine Paquin, achète la propriété pour exploiter le commerce. La transaction se chiffre à deux mille trois cents dollars.

Edna Paquin, fils d’Hormisdas et son épouse Jeannine Forget, deviennent les propriétaires de cet établissement commercial, le vingt-trois février 1946. On y opère également un bureau de poste, lequel est particulièrement actif durant les étés.

Magasin Edna Paquin au Lac Paquin en 1920, Photo Archives de la SHPVD.

Edna et Jeannine Paquin, qui se marient le dix-huit août 1945, élèvent leurs cinq enfants dans cette maison : Lizette, Denis, Gaétan, Réjean et Jacques.

Rappelons que monsieur Edna Paquin est élu maire du Village de Val-David en février 1962 et dirige les destinées de la municipalité jusqu’à son décès survenu à l’âge de trente-neuf ans, le dix-huit décembre de cette même année.

Après le décès de son époux, Jeannine Forget-Paquin continue d’opérer le commerce familial.

L’œuvre artistique montrée ici, d’après une photographie de 1946, montre la résidence familiale dans sa partie gauche et à l’étage le Magasin Edna Paquin, dans sa partie droite.

L’automobile de marque Ford 1939, est la propriété des sœurs Cook, de Westmount, qui ont leur résidence secondaire à Val-Morin. Elles viennent souvent faire leurs emplettes au magasin d’Edna et Jeannine Paquin.

Le treize novembre 1964, Jacques Parent, petit-fils de notre illustre personnage Ferdinand et son épouse Yvonne Quirion, se portent acquéreurs de l’établissement. Le commerce prend le nom de « Épicerie Jacques Parent ».

Durant vingt quatre ans, Yvonne, dirige le commerce et travaille ardûment à toutes les tâches, en même temps qu’elle y élève leurs cinq enfants : Richard, Denis, Germain, Lise et Donald. Monsieur Jacques Parent travaille dans le domaine de la construction.

Le treize mai 1988, Gérard Paquin et son épouse Denise Rousseau deviennent les nouveaux propriétaires de l’établissement. Le commerce est opéré sous le nom de «Dépanneur du Lac Paquin».

En 1996, Gérard et Denise effectuent des modifications importantes à leur bâtiment, lui donnant un courant d’architecture d’influence fonctionnaliste contemporain, par rapport au type traditionnel, que nous connaissons depuis près d’une centaine d’années.

Les Paquin ont six enfants: Les jumeaux Serge et Mario, Johanne, les jumelles Estelle et Guylaine et la plus jeune, Caroline.

En 1997, le magasin traditionnel du lac Paquin ferme ses portes. La bâtisse abrite la résidence familiale jusqu’au décès de Gérard survenue au printemps de l’an 2000.