Par Suzanne Arbique
Récemment, j’ai organisé une conférence racontant l’histoire du Parc régional de Val-David-Val-Morin. L’intérêt de cette démarche était de deux ordres : le premier, évident, faire connaitre les événements qui ont mené la population des deux villages à acquérir d’immenses terrains pour en faire un parc. C’était un choix politique et financier important, car il affirmait que les Val-Davidois et les Val-Morinois étaient d’accord pour investir beaucoup d’argent dans le plein air. Ce n’étaient pourtant pas des villages riches. Cette décision témoignait d’une grande confiance et d’un grand amour envers les espaces verts.
Le deuxième intérêt de la conférence était de rendre hommage à ceux et celles qui ont donné des centaines d’heures pour que ce magnifique projet aboutisse. Merci à chacun de vous.
Pour faciliter la compréhension des événements et aider la mémoire de mes conférenciers, j’ai créé cet historique. Je l’ai bâti à partir des souvenirs des nombreuses personnes que j’ai interviewées et des lectures que j’ai faites. À cet égard, je remercie tout spécialement Diane Séguin et Michel-Pierre Sarrazin qui m’ont donné généreusement accès à la mémoire du village, soient les archives du journal Ski-se-Dit.
Il est possible qu’il y ait des erreurs dans cet historique; vous savez, la mémoire est parfois trompeuse. Vous seriez bien aimables de me les signaler, car elles ont été faites de bonne foi et je ne voudrais en aucun cas porter préjudice à qui que ce soit.
Le texte entier se divise en 3 parties : Avant le Parc, L’idée du Parc, Enfin le Parc !
Suzanne Arbique, 28 février 2018
2e partie : L’idée du Parc
1975 – mars – La Fédération québécoise de la montagne présente son projet nommé Parc Dufresne. On veut protéger le territoire afin qu’il soit reconnu comme un parc naturel de récréation. C’est un projet d’une quarantaine de pages, fruit d’une analyse poussée et documentée du quoi, qui, comment, pour qui et pourquoi créer un parc au cœur de ces 2 villages. Les 2 maires : Julien Saint Louis (V-D) et Wilbrod Foisy (V-M), les deux députés : Maurice Dupras et Roger Lapointe appuient le projet. Le premier plan du Parc couvrait un territoire 2 fois plus grand que le parc actuel : environ 1 200 000 pi ca. Pour vous en donner une idée : à vol d’oiseau, tracez une ligne imaginaire englobant le lac La Salle, puis descendez jusqu’au bord du lac Casgrain, filez jusqu’au chemin Condor, faites un petit croche pour longer un peu le chemin Doncaster (là où est le BMR actuel), grimpez jusqu’au sommet du mont Plante et finalement, longez la montée Gagnon jusqu’à rejoindre le lac La Salle. On encercle et protège ainsi les monts Césaire, Condor, King et le lac La Salle.
– Une rencontre est organisée par la Fédération québécoise de la montagne avec le ministre du Tourisme, Chasse et Pêche de l’époque. Certains élus municipaux sont invités à se joindre au groupe. Le maire de Val-David, Julien Saint-Louis, Jocelyne Aird-Bélanger, conseillère municipale à V-D, Thérèse Dumesnil, présidente du Club de montagne de Val-David, et une dizaine d’autres personnes faisaient partie du groupe. Thérèse Dumesnil avait rédigé peu avant un grand reportage sur le sujet qui était paru dans la revue Perspectives. Les visiteurs ont vu plusieurs exemplaires de cet article dans le bureau du ministre. Il était donc au courant de la situation. Cette année-là, on calcule qu’il y a environ 15 000 adeptes de la grimpe au Québec.
– Un premier Comité du Parc est formé. Il était composé de Jocelyne Bélanger, Thérèse Dumesnil et Claude Lavallée.
– 24 mars – Conférence à La Sapinière au sujet d’un grand territoire à protéger. Les 2 paliers de gouvernement offrent à Val-David et à Val-Morin, 2 800 000$ : 1 680 000$ du fédéral et 1 200 000$ du provincial pour démarrer le projet : le Parc Dufresne, parc provincial Val-David / Val-Morin pour loisirs et sports. On veut protéger cette forêt. Un gel est décrété sur ces terres pour les 3 prochaines années. Ce projet est né des rêves des membres du Club de montagne de Val-David et de la Fédération québécoise de la montagne.
1976 – 27 avril – Les Frères des écoles chrétiennes mettent en vente leur immense territoire à Val-Morin. On parle d’un domaine d’environ 600 acres acheté à un riche marchand M. Scroogie qui lui-même le tenait de M. Luc Vendette, père. Les religieux auraient vu d’un bon œil que le gouvernement du Québec transforme ce secteur en parc public à des fins récréatives. Cependant, ils annoncent qu’ils vendront au plus offrant. Les 2 municipalités, sous l’impulsion de la Fédération québécoise de la montagne et du Concours international de musique demandent à M. Claude Simard, alors ministre du Tourisme, Chasse et Pêche, d’homologuer les propriétés des frères et de la famille Dufresne afin de les protéger d’un développement. On parle maintenant d’environ 2 000 acres de terrains. Pourquoi le Concours international de musique ? Parce que cet organisme juge que les abords du lac La Salle sont le lieu idéal pour un concours de musique international. Vous souvenez-vous de la chapelle au-dessus de la falaise ? En effet, les concerts y étaient extraordinaires.
– Le juge Desjardins, le président de l’Assemblée nationale du Québec, Jean-Noël Lavoie, et la compagnie Renato-Cervini s’empressent d’acheter de grands pans du territoire du futur parc envisagé.
– Selon les minutes du Conseil municipal : il est proposé par M. Roland Gagné et secondé par Mme Jocelyne Bélanger que le Conseil municipal de Val-David soit entièrement d’accord sur le projet de Parc provincial dans les limites de Val-David / Val-Morin. Les limites du territoire du dit parc devront toutefois être soumises au Conseil pour acceptation.
1978 – Trois ans plus tard, rien ne s’est passé hélas, et le gel devient caduc. Finalement, les 2 nouveaux conseils municipaux de l’époque (vers 1978) refuseront parce qu’il faudrait engager et donc, payer un employé municipal supplémentaire pour l’entretien de ce parc. Stupéfaction et déception des gens qui croyaient en ce beau projet.
À l’époque, au Far Hills
1979 – été – Bernard de Pierre, Suisse d’origine, est engagé par M. Smith au Far Hill’s Inn pour être animateur d’activités sportives auprès des clients. Il crée alors un parcours d’hébertisme. Malheureusement, les activités d’été ne sont pas très courues, les clients préfèrent la plage et le farniente. Par contre, l’hiver, grand succès, les clients veulent skier.
- Smith lui demande donc, 2 étés plus tard, de dégager de nouveaux sentiers, d’entretenir et d’améliorer le réseau des pistes, bref d’enrichir le réseau d’hiver durant l’été. À l’occasion, ils nettoyaient même ensemble des bouts de pistes appartenant à Val-David. Une carte des sentiers a alors été imprimée.
1980 – 1995 – Bernard de Pierre, Carmen Denis et Ernest de Alcala fondent l’école de ski du Far Hills. Carmen et Ernest, quand ils travaillent pour M. Smith, logent pendant 3 ans à l’hôtel Far Hill’s Inn, puis dans les pièces attenantes à la boutique de ski (le Ski Shop, comme on disait dans le temps). C’est l’époque des fameux Ski Weeks qui attirent de nombreux Américains et Ontariens. La semaine d’apprentissage était basée sur une progression technique. On organisait aussi des sorties de ski à l’extérieur du domaine. L’école marchait bien, les élèves revenaient. Il y avait en moyenne 60 clients chaque semaine et fin de semaine. Certains élèves de l’époque habitent maintenant Val-David et d’autres y reviennent occasionnellement.
Donc, Bernard de Pierre a travaillé au Centre de ski Far Hills sur une base annuelle jusqu’en 1987, Carmen et Ernest étaient moniteurs de voile ailleurs durant le printemps et l’été puis, l’automne venu, avec M. Smith, on préparait ensemble les pistes et l’école de ski. En hiver Carmen, Ernest et Bernard s’en donnaient à cœur joie en ski.
Un gars en forme ! Pour joindre les deux bouts, Bernard travaillait au Far Hills le jour et était prof de conditionnement physique 5 soirs par semaine. Admirable !
1985 (aux environs de …) C’est la construction du refuge du lac Lavallée. Carmen et Ernest l’ont même habité pendant un automne, le temps de le terminer. Une anecdote : il fallait traverser le lac pour apporter les matériaux, alors vive le bon vieux système D comme dans Débrouille. Bernard et Ernest ont relié 2 immenses canots du genre rabaska par des planches, créant une sorte de catamaran artisanal, puis ils ont entassé plus d’une tonne de matériaux sur ce ponton. Ils l’ont ensuite attaché à une chaloupe et ils ont ramé pour traverser le lac en tirant la charge. Fallait le faire ! Autre anecdote, les matériaux avaient été achetés chez un M. Anderson, eh oui, le père de Jasey Jay Anderson, grand champion mondial en planche et natif de Mont-Tremblant.
Le jeudi, c’était soir de fondue au refuge et ça plaisait beaucoup aux clients.
Durant ces années, Bernard, Ernest et Carmen aidés de Jean-Pierre Masse et de Jean Guertin ont défriché des pistes leur permettant de rejoindre au sud : la Western, la Sheppard, la Dix Lacs et la Maple Leaf. Leur patron, M. Smith, détestait ceux qu’il appelait dédaigneusement les Montagnards venant de Val-David. Il chicanait contre ces gens qui utilisaient ses pistes, ses toilettes et sa cafétéria sans payer de frais d’entrée ni rien acheter alors qu’il payait pour tout. Remarquez qu’il n’avait pas complètement tort … Il chicanait aussi contre la municipalité qui ne lui accordait aucune aide financière. Bernard de Pierre et Ernest de Alcala faisaient souvent office de médiateurs entre M. Smith et ces !/$%?&* Montagnards.
Quand le Parc a été créé, M. Smith était plus conciliant avec Val-Morin, mais toujours en guerre avec les gens de Val-David qui ne payaient pas pour circuler sur ses pistes. Il a construit des guérites, engagé des gardiens et édicté des règlements pour empêcher les Val-Davidois de fréquenter le secteur Far Hills. Quelques exemples : si vous n’aviez pas acheté votre passe de saison au Far Hills, il vous était interdit d’utiliser le stationnement du Far Hills et d’entrer au chalet pour vous réchauffer ou aller aux toilettes et encore moins d’aller acheter une collation à la cafétéria. C’était l’époque …
1981 – Naissance de 2 écoles d’alpinisme à Val-David : le Dahu et Passe-Montagne.
Escalade Passe-montagne du Mont Condor, collection Ski-se-dit
– août – Les 2 municipalités s’unissent en vue de la création d’un parc régional tel que recommandé par le Comité du Parc Val-David / Val-Morin. Les conseils municipaux votent pour qu’on poursuive négociations et démarches. Chaque municipalité aura la charge de la gestion sur son territoire.
Protection du mont Condor
Au début des années 80, à Val-David, des développeurs lorgnent le mont Condor est pour y construire des résidences de luxe au sommet et un camp d’enfants pour les familles orthodoxes juives plus bas. L’Association pour la protection du lac Doré (le Golden Lake Club de Val-David) se mobilise. On veut garder le paysage intact. Il faut ramasser de l’argent, beaucoup d’argent et vite ! Estel Deschamps, native de Val-David, s’impliquera beaucoup dans ce mouvement.
1987 – 1er nov.- 76 citoyens de Val-David fondent l’Association pour la protection du mont Condor. Leur but : réunir des fonds afin de protéger ce patrimoine local.
1988 – 22 oct. – L’Association achète cet immense territoire de 40 hectares (lots 26 et 27) pour 80 000$ comptant : 25 000$ en dons et un prêt hypothécaire de 55 000$ de la caisse populaire du village. Cet emprunt sera remboursé en 4 ans grâce à la vente de 4 terrains au pied de la montagne et de 33 900$ en dons. Une fois l’acquisition faite en 88, l’Association donne le tout à la municipalité. Dans le contrat, il est stipulé qu’aucun bâtiment ne pourra y être construit, que cet endroit demeurera un espace vert protégé et qu’un laisser-passer familial sera donné à vie aux donateurs. Ces 76 citoyens reçoivent également un reçu pour déduction fiscale. Chacun devait donc signer le contrat notarié. C’est ainsi que les 2 sommets du Condor, le flanc de la montagne et le secteur les Fesses et la Bleue seront protégés à tout jamais grâce à l’Association de la protection du mont Condor. La Municipalité en profite pour acheter un lot voisin appartenant à la famille Dufresne.
1985 – janv.- La 2e Traversée des Laurentides organisée par Pierre Gougoux. Cette année-là, on fait le trajet du curé Labelle et des défricheurs à l’envers. L’expédition de 6 jours part du lac Piscatosine (réservoir du Baskatong), puis traverse les vallées de la Lièvre, de la Rouge et de la rivière du Nord. Ce fut difficile, car il y avait peu de sentiers aménagés sur ce parcours. On annonce cela comme un raid à ski, c’est tout dire ! Au bout du voyage, un souper copieux à l’Auberge du Vieux Foyer suivi d’une soirée endiablée Chez Coco au son de notre violoneux, M. Campeau. (Je sais, cela ne fait pas vraiment partie de l’histoire du Parc, mais je trouvais intéressant de vous le raconter)
– Gilles Parent, revenu vivre à Val-David, est élu président du Club de montagne de Val-David. Il le restera jusqu’en 1991. Il milite activement pour la préservation des sites de plein air. Avec les gens du Club, il obtient une charte de charité donnant droit à des crédits d’impôt. Ce qui facilitera grandement l’acquisition de terrains préservés.
– Gilles Parent devient directeur de l’École de ski nordique Far Hills.
1986 – juin – On fête les 50 ans de La Sapinière.
– Val-David devient zone touristique
– Montagne 86 envahit nos parois durant la fin de semaine du Travail. Des grimpeurs de partout au Québec, de l’Ontario, de la Nouvelle-Angleterre, du Vermont et peut-être même de l’Ouest canadien se rassemblent pour la grande fête annuelle de l’escalade. Le samedi soir, la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade rend hommage à M. et Mme Jean-Louis Dufresne grâce à qui Val-David est devenu le berceau de l’escalade au Québec et le dimanche soir, c’est la projection du film tourné en 84 par Louis Craig et André Laperrière relatant leur expédition sur l’Annapurna au Népal (8 075 m). En d’après-midi, il y eut une épluchette de blé d’inde, gracieuseté de M. Fernand Dufresne de l’épicerie du même nom.
– 14 sept.- Des bénévoles balisent les sentiers avec de petites affiches. On trouve que le Far Hills a eu une bonne idée et on veut s’arrimer à eux. Au bureau touristique, on vend des cartes des sentiers de ski de fond et de motoneige qui partent du village.
1987 – Paul Laperrière (fondateur de l’école d’alpinisme Passe-Montagne) se joint au groupe de citoyens du lac Doré. Il organise des corvées pour entretenir et rendre plus accessibles les sentiers menant aux différentes parois.
– Le mont Plante revit sous le nom de Station touristique Pierre Vérot. En phase 1, le 19 décembre, la réouverture du mont Saint-Aubin qui sera le premier centre de ski télémark de la région. On y trouvera aussi une boutique, une cafétéria, un bar et une école de ski dirigée, évidemment par Pierre Vérot, l’un des moniteurs canadiens les plus certifiés au pays.
– déc. : Ski de fond Laurentides publie Le Guide de ski de fond. On y répertorie 500 km de sentiers entretenus mécaniquement, 21 cartes en couleurs indiquant l’indice de difficulté de chaque sentier, 21 cartes de localisation pour se rendre aux accueils des centres et tous les renseignements utiles : services offerts, sécurité, alimentation, etc.
Skieurs de fond dans le parc. Collection SHPVD.
Entre 1982 et 1995, Marc Blais, nouvel adepte du télémark, déboise et entretient 37 pistes de ski télémark, du mont Saint-Aubin au mont King.
1989 – Naissance du Club de plein air de Val-David. Il remplace le Club de montagne de Val-David. Ce club est fondé par Bernard de Pierre, Jean Courtemanche et Serge Prévost. Il a été créé principalement pour 2 raisons : faire des corvées pour entretenir les sentiers et ramasser de l’argent pour acheter des terrains en forêt appartenant à un M. Guindon qui voulait alors les vendre. – Pour vous situer, tracez une ligne entre le chemin Doncaster et la montée Gagnon, dans le bout de ce qu’on appelait à l’époque, le pit à Guindon, donc un peu en arrière de l’Auberge du Vieux Foyer – Ces terrains coupaient la piste Gillespie et le Club voulait absolument maintenir ce sentier. Ils ont ramassé 4 à 5 000$ qu’ils ont remis quelques années plus tard à Jacques Allard et Gilles Parent qui voulaient créer la Station touristique de Val-David. Cet argent devait servir à acheter des terrains pour protéger les sentiers afin de développer cette station.
1989 – Gilles Parent est président, à quelques reprises, de l’Association des propriétaires des Centres de ski de fond du Québec l’APCSFQ. Il tente de convaincre le maire de Val-David de l’époque, Réal Tessier, ainsi que son conseil d’acheter quelques terres pour en faire un domaine skiable. Réponse : non !
Vers 1990 – Les Frères des écoles chrétiennes, propriétaires d’une grande partie du territoire souhaité en 1975 pour faire un parc, désirent à nouveau vendre leurs terres qui jouxtent celles du Far Hills à Val-Morin. La firme DBSF mandate Gilles Parent pour délimiter ce qui pourrait devenir une station touristique. Celui-ci dessine un immense territoire dont les limites sont : le chemin Doncaster, la montée Gagnon, le chemin de l’Érablière, le chemin du lac Lavallée, le chemin des Frères des écoles chrétiennes, le chemin de la gare de Val-Morin, le futur parc linéaire en revenant jusqu’à Val-David. Ce qui englobe donc toutes les terres de Frères. Marc Blais, maintenant président du Club de plein air de Val-David et François Gibeau, président du Club de plein air de Val-Morin préparent le projet de station touristique pour les 2 municipalités.
Années 90 – Le Club de plein air de Val-David modifie sa charte afin de devenir une société de charité sans but lucratif. Certains membres donnent des centaines de dollars afin qu’on réunisse une cagnotte pour acheter des terrains afin de les protéger.
1991 – août – Marc Blais publie une longue lettre ouverte faisant état de la situation du plein air à Val-David. Cri du cœur ! Il conclut en écrivant : Voilà pourquoi, il importe de se pencher de toute urgence sur le problème (envahissement par les promoteurs) et tenter de définir les grandes lignes d’un vaste projet qui pourrait sauver le site et le préserver pour les générations futures.
Vu du parc en hiver. Collection Ski-se-Dit.
– Marc Blais, maintenant président du Club de plein air de Val-David, et les autres membres auront une grande importance dans la naissance du Parc en ce sens qu’ils sensibilisent les résidents et les élus du village au plein air et à son potentiel pour le développement de la municipalité. Ils réussissent même à faire voter un règlement comme quoi aucune décision concernant le territoire consacré au plein air et aux activités sportives ne sera acceptée au conseil municipal sans que les membres du Club n’aient donné leur accord.
1991 – octobre – Autre cri du cœur de l’Association pour la protection du mont Condor et L’Association des propriétaires du lac Doré. En 3 ans, ils ont réussi à liquider l’hypothèque contractée pour l’achat des terrains pour préserver les sites naturels entourant le mont Condor. Ils commencent à parler de protéger aussi le lac Doré et ses alentours.
1992 – 6 mars- Consultation publique sur l’avenir des sentiers de plein air à Val-David. Les motoneigistes affirment pouvoir cohabiter avec les skieurs de fond et ces derniers refusent catégoriquement tout partage de sentiers et même de territoire. C’est la guerre ! Une lettre ouverte de Marc Blais contre la motoneige enflamme les citoyens.
– Il y aura une grande consultation publique. Un professeur d’économie, ayant son chalet dans la montée Gagnon, met ses étudiants de maitrise au travail. Il leur fait analyser et comparer les impacts financiers des 3 sports d’hiver si populaires à Val-David : le ski alpin, le ski de randonnée (comme on disait à l’époque) et la motoneige. Le ski de randonnée l’emporte haut la main et la motoneige est loin, loin derrière. Le conseil municipal vote le bannissement de la motoneige dans le village et sur le territoire de ce qui deviendra le Parc. Cependant, les motoneigistes ne s’avouent pas vaincus du premier coup. Il y aura quelques engueulades et batailles à coups de cannes de ski (dans le temps, elles étaient en bambou, heureusement) sur le Parc linéaire et sur les sentiers en montagne. Mais, on doit aussi les remercier grandement pour leur aide quand il y aura des blessés ou des gens perdus en montagne.
1992 – Le projet de Station touristique est soumis au Conseil municipal de Val-David. Laurent Lachaîne, maire, Aldei Darveau et Jacques Dufresne, conseillers, André Desjardins, directeur municipal et Maryse Émond, directrice des loisirs, vont visiter et analyser North Conway, village très semblable au nôtre. Ils en reviennent enchantés et décident de créer, du même coup, le Centre de ski Val-David / Far Hills.
1992 – décembre, c’est le lancement de la Station touristique à Val-David. Un protocole d’utilisation de leur territoire est signé par les maires des 2 municipalités avec les propriétaires des terres : Jean-Louis Dufresne et David Pemberton-Smith. C’est le plus grand centre de ski nordique au Québec et au Canada : 130km de pistes. On se compare à l’Europe !
1992-93 – La première saison de ski est un grand succès. Les patrouilleurs sont habillés par Kanuk, rien de moins.
1993-94 – C’est la chicane. Les forfaits achetés à Val-David ne sont plus acceptés sur le territoire du Far Hills sauf pour les clients des 2 hôtels : La Sapinière et le Far Hill’s Inn. Ce n’est qu’en 1997 que M. Pemberton-Smith acceptera à nouveau la libre circulation d’un territoire à l’autre.
1994 – À Val-David, de nombreux propriétaires de lots connexes au plan projeté du Parc font don de leurs terrains en échange d’un dégrèvement d’impôt. On commence à protéger le territoire.
– À cette époque, M. David Pemberton-Smith, propriétaire de l’hôtel Far Hill’s Inn a acquis une partie du sentier patrimonial Dufresne et veut faire payer coûte que coûte les grimpeurs qui se dirigent vers le mont King. Il engage des fiers-à-bras pour ce faire. Paul Laperrière et Claude Lavallée créent alors un nouveau sentier d’accès. Ont participé à la création de nouveaux sentiers et à l’entretien des sentiers existants: le Canadian Alpine Club, le McGill Outing Club, le Club de Montagne Canadien et bien d’autres.
1992 – Plaintes des résidents contre des vandales qui détruisent, saccagent et menacent la paix sur les parois d’escalade et à leur pied.
1993 – Entente entre la Fédération québécoise de la montagne et la municipalité de Val-David pour engager un gardien afin de faire respecter les lieux et les résidents. Claude Lavallée mettra sur pied une brigade de patrouilleurs qui feront appliquer les règlements.
1994 – Il faut payer maintenant 8$ pour entrer sur les terres du Far Hills en ski, M. Smith a installé des guérites. Tous sont tellement habitués à l’accès gratuit qu’ils ne se rendent pas compte que, depuis longtemps, M. Smith engage des gens pour développer et entretenir ses sentiers et son chalet d’accueil qui sont d’abord et avant tout destinés à sa clientèle.
1995 – avril – Il faut maintenant payer pour skier sur les pistes de la Station touristique Val-David/Val-Morin aussi !!! La révolte gronde. Après entente avec les gens de Val-David, Le Centre de ski de fond Val-David – Far Hills est maintenant le plus grand réseau privé de ski de fond du Québec avec ses 130 km de sentiers. Découragé devant l’abandon des services gouvernementaux pour implanter le parc tant espéré, le Club de plein air de Val-David propose une association au Club de plein air de Val-Morin afin de recueillir des fonds et ainsi protéger le territoire en créant une intendance privée.
– Ouverture de la piste cyclable Le P’tit Train du Nord sur l’ancienne voie ferrée. 200 km de piste de Mont-Laurier à Saint-Jérôme, oh bonheur !
1997 – À Val-David, Dominique Forget, conseillère municipale, et André Desjardins, directeur général, proposent une taxe d’affaires pour payer l’aménagement et l’entretien du réseau de sentiers ainsi que la construction du belvédère au mont Condor. Accepté !
1997 – mai : François Gibeau, président du Club de plein air de Val-Morin publie une lettre ouverte virulente contre la présence pourtant interdite des motoneigistes sur le Parc linéaire et ses environs. Les motoneiges, c’est à partir de Sainte-Agathe vers le nord, dit-il.
Un grand merci à : Jocelyne Aird-Bélanger, Carmen Denis, Marc Blais, Bernard de Pierre, François Gibeau, Claude Lavallée, Paul Laperrière et Gilles Parent pour leur collaboration.
Voici la deuxième partie de : L’idée du Parc
1995 – Une petite annonce qui nous mènera loin … Guy Charbonneau, propriétaire de la boutique Phénix Sports à Val-David publie une petite annonce dans le journal Ski-se-Dit : Recherche personne passionnée pour créer un club de vélo de montagne. Serge Desrosiers nouveau papa et nouvel arrivant à Val-David décide de s’impliquer. Guy, Sébastien Haché et lui organisent un groupe récréatif d’adultes qui se rencontrent le samedi matin pour pédaler dans les sentiers déjà existants du futur Parc.
1996 – Le vélo de montagne devient discipline olympique.
1997 – 14 juin – Au feu !!! La forêt flambe en haut de l’Aiguille du Condor. On l’a échappé belle parce que les vents ont fait en sorte d’abaisser les flammes au lieu de les propager. L’incendie a nécessité plusieurs largages d’eau spectaculaires par un Canadair (l’eau était prise au lac Raymond). S’ensuivit une semaine de travail pour les agents de l’Environnement pour éteindre toutes les poches de feu restantes. FIOU !!!! Ç’aurait pu facilement tourner à la catastrophe.
1997 – fin juillet : Jean-Paul Dufresne avertit les gens de plein air que la famille Dufresne serait prête à vendre une partie de ses terres et donc, les lieux d’escalade et de ski de fond. À la fin de l’été, il devient clair pour Paul Laperrière, Claude Lavallée, Marc Blais et Jean-Paul Dufresne qu’il faut relancer l’idée de la protection du territoire. Jean-Louis Dufresne, représentant de la famille Dufresne, l’oncle de Jacques et de Jean-Paul, demande 250 000$ et donne 3 mois au Comité du parc pour rassembler la somme. Le conseiller municipal Jacques Dufresne est délégué par le Conseil pour travailler avec le Comité du parc afin de mener à bien ce projet. Il faut saluer ici le dévouement du maire de l’époque Laurent Lachaîne qui croyait au parc et qui tenait absolument à ce que ce magnifique projet se réalise. Enfin, la négociation mène à un projet d’entente. La famille Dufresne, propriétaire depuis une centaine d’années de ce patrimoine, demande 150 000$ à la municipalité de Val-David pour cet immense territoire, plus 100 000$ en déductions fiscales. Cet accord a 2 conditions : que ça devienne un parc protégé, donc pas de construction, et que le parc porte le nom Dufresne. Il faut trouver l’argent, c’est urgent. Les gens de plein air et de nombreux villageois s’y mettent : des tirages, des dons. Pierre Lefebvre, propriétaire de l’auberge Le Rouet se montre particulièrement généreux. En effet, la commission scolaire veut alors lui acheter un grand terrain adjacent à son auberge Le Rouet pour agrandir le terrain de l’école. Il leur fait cette proposition : je vous donne ce terrain, vous versez sa valeur, 30 000$ au projet de parc et la municipalité verse aussi 30 000$. Bravo et merci pour cette belle générosité ! Hélas, à quelques jours de l’échéance, il manque encore 50 000$. Paul Laperrière prend rendez-vous avec le député provincial Claude Cousineau qui était alors l’attaché politique de la ministre Louise Harel. Celui-ci expose à la ministre le problème. Elle connaît bien Val-David y ayant séjourné à plusieurs reprises. Elle appelle différents collègues; ensemble, ils grattent les fonds de tiroir et donnent le 50 000$ manquant. Le Parc régional Dufresne venait de naître.
Logo du parc à l’époque de son appellation « Parc régional Dufresne ».
– Le Comité provisoire pour l’acquisition du Parc est composé à l’époque de : Lucien Lauzon, Lucien Hamel, Paul Laperrière et Marc Blais. M. Lachaine est alors maire et Carmelle Cavezzali, est une conseillère favorable au Parc. M. Lachaine fut un grand maire et un véritable précurseur. Il fut le premier à parler de protection du patrimoine quand il parlait des sommets des monts Condor, Césaire et King.
1997 – 24 septembre- Les membres de l’Association de la protection du mont Condor acceptent de faire un don collectif de leurs lots de terre à la municipalité de Val-David.
-Paul Laperrière et Marc Blais continuent d’identifier des terrains qu’il faudrait acheter ou exproprier pour enrichir le Parc en plus de ceux de la famille Dufresne. Ils travaillent parfois avec Conservation Nature.
– déc. – Suite à une entente avec la municipalité, le cœur du Centre de ski de fond Val-David sera dorénavant logé à l’hôtel La Sapinière.
1998 – V-D organise un colloque de 3 jours pour réfléchir à l’avenir du village. Comment le voulons-nous ? Une centaine de personnes échangent, discutent et rêvent. Un grand espace vert protégé est demandé. On forme un comité.
Vue panoramique de val-David à partir du Mont Condor en 1998. Collection ski-se-Dit
– 6 mars – Le Club de vélo de montagne de Val-David reçoit ses lettres patentes et est donc maintenant un club officiel grâce à ses 3 fondateurs : Anne Piché, Serge Desrosiers et Guy Charbonneau. Le 19 juin, c’est l’inauguration officielle du Club dans le Parc. Les cyclistes sont autorisés à pédaler dans tous les sentiers.
Fév. 99 : Création du Centre de ski de fond de Val-David dont le point de départ est le pavillon Le Rendez-vous de l’hôtel La Sapinière. On y trouve : un comptoir d’information qui s’occupe aussi de la vente de billets, un stationnement, une salle de fartage et un bistro-bar.
76 km de sentiers. 24 inscriptions d’enfants à la ligue de ski de fond Jack Rabbit au Far Hills cet hiver-là. Construction de la halte chauffée par un poêle à bois sur la 2 Vals. Une gracieuseté de l’école d’escalade Passe-Montagne, propriété de Dominique Forget et Paul Laperrière. Début de la normalisation de la signalisation sur les pistes et installation de mangeoires pour les oiseaux. Le ski de fond vit un incroyable essor et c’est chez nous que ça se passe.
– Juin – Le Conseil consultatif pour l’acquisition du territoire sollicite dons et commandites des citoyens, des commerçants, des corporations et fondations ainsi que des divers paliers du gouvernement. On offre des reçus d’impôt pour les dons de 25$ et plus. Paul Laperrière et Marc Blais sont en charge de cette recherche de fonds. P.S. Il faut souligner l’immense apport de Mariette Morissette et de son équipe de bénévoles. En effet, capitaine Morissette et sa formidable brigade ont vendu pour 35 000$ de billets de tirage en 2 mois.
– Un don de 2 000$ des brasseries Molson permettra de préserver l’Aiguille du Condor et ses abords ainsi que la Chico grâce à la mise en place d’un sentier et d’un escalier de contournement. Inauguration en juin 98.
– Des jeunes se réunissent régulièrement sur le perron de l’église pour faire de la planche à roulettes. Ah ! La jeunesse d’alors … Des gens se plaignent. Serge Desrosiers décide de créer l’École de vélo de montagne et l’École de ski de fond pour les jeunes, il les amènera rouler sur 2 roues dans les sentiers du futur parc et y skier l’hiver venu. Il entreprend donc le cours pour devenir entraîneur certifié et suit l’exigeant PNCE (Programme national de certification des entraîneurs), il atteindra l’impressionnant niveau 4 au fil des années. Cette année-là, 19 ados s’inscrivent pour suivre ses cours du samedi matin. Le club deviendra quelques années plus tard le CVM 2 Vals. Les jeunes se passionnent pour ce nouveau sport. Le succès de l’approche de Serge tient en 3 mots : amusement, progression et performance. C’est un club de vélo unique au Québec. On y forme des athlètes de 7 à 77 ans, selon l’expression consacrée, et on les prépare à des compétitions régionales, provinciales et nationales. Plusieurs de ses élèves gagneront de nombreux championnats prestigieux. L’un d’eux, Félix Burke (petit-fils de Jocelyne Aird et de Pierre Bélanger de Val-David) est maintenant sur l’équipe olympique et Cindy Montambault, résidente de V-D, vise les Olympiques de 2020. Il y a de quoi être fier, bravo !
Le vélo de montage est un sport à développement tardif où les athlètes atteignent le summum de leur forme vers 26, 27 ans pour les hommes et 34, 35 ans pour les femmes. Il s’agit donc de commencer jeune et de travailler fort pendant de longues années si on veut performer en compétition.
2000 – Le Comité provisoire du Parc a préparé les règlements généraux, la rédaction de la charte et les demandes de subvention en vue d’une incorporation pour l’acquisition du territoire du futur parc de Val-David et Val-Morin. Ses membres sont : Paul Laperrière, Marc Blais, Lucien Lauzon, Yves Hamel. Jocelyne Aird-Bélanger, Jacques Rivard et Serge Saint-Hilaire sont des conseillers municipaux représentants des deux villages.
Discours de Marc Blais à La Sapinière en 2000. Collection journal Ski-se-Dit.
12 fév.- Remise du prix Claude-Lavallée à la famille Dufresne par la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade. Ce prix est remis chaque année à qui s’est distingué par son apport au développement de la montagne et de l’escalade. À noter que la FQME fêtait aussi son 30e anniversaire cette année-là.
– De 2000 à 2003, Jocelyne Aird-Bélanger est secrétaire de la Société de protection et de conservation du Parc régional Dufresne Val-David / Val-Morin et Paul Laperrière en est le président.
– Juin – M. André Desjardins, directeur général de Val-David à l’époque, entreprend des démarches au nom de la municipalité avec la MRC pour acquérir des terrains toujours en vue de les intégrer au territoire du futur parc.
– Naissance de la Société pour la protection et la conservation du parc Dufresne, organisme créé pour faire un parc régional avec les terres achetées à la famille Dufresne. Pendant 2 ans, les gens de cette Société ont travaillé activement à la rédaction d’un Plan directeur après de nombreuses consultations, à amasser 200 000$ en vue d’acquérir des terrains pour agrandir le parc et aménager des sentiers, à organiser des corvées et à la recherche de la meilleure solution pour protéger le parc des promoteurs de tout acabit.
– 49 jeunes sont inscrits au Club de vélo de montagne de Val-David et Serge a maintenant son niveau 2 du PNCE.
– Première grosse compétition de vélo de montagne à Val-David. La Fédération des sports cyclistes aimerait bien intégrer une compétition de vélo de montagne aux Jeux du Québec, mais les esprits ne sont pas encore mûrs pour cet ajout. Pourtant, le vélo de montagne est une discipline olympique depuis 1996. Ni une ni deux, Serge Desrosiers organise alors le Championnat des régions qui remplacera cette non-participation. 110 jeunes cyclistes de 12 ou 13 régions viendront compétitionner au Parc durant cette fameuse fin de semaine. Jean-Louis Dufresne, toujours aussi généreux, offre le stationnement de l’hôtel comme lieu de rassemblement, de départ et évidemment, d’arrivée. Serge Desrosiers sera couronné du titre de l’Entraîneur de l’année et cette fin de semaine sera reconnue comme la meilleure organisation provinciale catégorie vélo de montagne. Serge continue sa formation, il est maintenant l’un des rares entraîneurs professionnels québécois à décrocher un niveau 3.
2000 – 18 sept à La Sapinière– La Société pour la protection et la conservation du Parc Dufresne devient une entité légale et débute ses opérations. Elle remplace le Comité provisoire du Parc. Quant au Comité consultatif du Parc, c’est la municipalité qui le reprend. Trois objectifs : protéger le Parc Dufresne pour les générations futures; favoriser les activités de plein air à Val-David et à Val-Morin tout en protégeant la nature environnante et finalement, conserver le milieu naturel aux fins de récréation et d’éducation.
2000 – 2002 – Le propriétaire de l’hôtel La Sapinière, Jean-Louis Dufresne, ne veut plus que les randonneurs et autres sportifs laissent leur voiture dans le stationnement de l’hôtel. Ils prennent la place de sa clientèle et nuisent à la tranquillité des lieux. La municipalité doit donc trouver un autre lieu d’accueil pour les usagers du Parc Dufresne. Elle vote un emprunt de 500 000$ et annonce l’expropriation d’un terrain appartenant à M. Guindon donnant directement accès au Parc. En effet, des études démontrent que le terrain de M. Guindon est le plus adéquat pour l’accès au Parc. Cet emplacement, surnommé Guindonville, abrite 7 maisonnettes louées à prix modique à 10 locataires. La plupart de ces maisons sont dans un état de délabrement avancé. Seules 2 maisons répondent aux critères d’Habitation Québec. En fin d’année 2002, la Municipalité avise les gens qu’ils devront avoir quitté pour le 1er juillet 2003 et qu’ils seront compensés selon la loi de la Régie du logement. La résistance s’organise, plusieurs personnes du village ou de l’extérieur militent avec eux contre l’éviction. Une première pétition recueille 1225 noms, une seconde : 500 noms. Les locataires évincés contestent en mai devant la Régie du logement; le 2 juin, le jugement de la Régie rejette les demandes des locataires et donne raison à la Municipalité
Une des maisons de Guindonville. Source: Ski-se-dit , publication sur Facebook, 25 février 2018
2002 – Le 1er juillet, certains s’enchainent, d’autres font des déclarations aux médias accourus sur place. Le 6 juillet, une quarantaine de policiers aidés des pompiers interviennent et c’est l’éviction. Des personnes seront arrêtées. La démolition commence le jour même. Le lendemain, 2 autobus remplis de supporters arrivent à Val-David. Près de 200 personnes sous l’égide du FRAPRU brandissent des pancartes dans le village.
– La Municipalité s’entend finalement de gré à gré avec M. Guindon pour une somme de 295 000$ même si la propriété avait été évaluée à 207 500$. 3 des locataires du site acceptent la proposition compensatoire de la Municipalité. En fait, cette expropriation coûtera finalement 323 553 $ en comptant tous les frais et permettra d’acquérir un très grand terrain. J’y reviendrai.
2002 – La Société du Parc veut acquérir 2 grands lots l’un appartenant à M. Cervini et l’autre à la Fiducie Desjardins pour agrandir le Parc et mieux le protéger.
2003 – Catastrophe ! M. Sylvain Cousineau, membre de la Société du Parc, démissionne et s’empresse de faire signer des offres d’achats rapidement et en cachette sur le plus de terres possibles désignées pour faire partie du Parc. Ces contrats ont un délai de 3 ans. Les Municipalités n’ont pas été assez vite et il veut faire un coup d’argent. Les 2 Municipalités avaient envisagé un règlement d’emprunt de 500 000$, mais c’est devenu une demande de 5 millions. Ce promoteur dit vouloir réaliser un développement résidentiel d’environ 160 maisons, il y en avait même directement sur les parois d’escalade et il était question de ski nautique sur le lac Amigo… Les 2 municipalités refusent ses plans et votent un gel de développement pour 2 ans.
– La Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) déclare le Club de vélo de Val-David le club de développement par excellence, Serge Desrosiers est reconnu comme le meilleur entraîneur de niveau provincial pour une 2e fois et M. André Portuguais, le papa de Léandre (jeune coureur cycliste), reçoit le titre de bénévole de l’année en vélo. Rien de moins !
– 31 juillet – Le maire et la mairesse des 2 municipalités. M. Laurent Lachaine et Mme Diane Demers annoncent l’achat de 323 acres de terrains appartenant à M. Sylvain Cousineau. Il y a donc maintenant 780 acres réservés au Parc régional Dufresne. À V-M, on «réserve» un autre 500 acres à l’intérieur du périmètre du futur Parc. V-D parle d’un emprunt de 500 000$ et V-M de 400 000$ À noter qu’au conseil municipal de V-M, ce fut voté à l’unanimité. (Le nombre d’acres varie selon le journaliste).
On forme les pompiers volontaires au sauvetage en montagne. C’est une nouveauté au Québec. Une autre première !
– le 8 sept.- Début de la campagne référendaire nommée Le Parc, oui je le veux. Elle est jumelée avec l’élection des 2 nouveaux conseils municipaux. En effet, 544 personnes ont signé le registre à V-D et 249 à V-M. Ce référendum porte sur l’emprunt d’un montant de 400 000$ à V-M et 500 000$ à V-D pour permettre l’acquisition de terrains et d’immeubles et entreprendre la réalisation d’un plan directeur en faveur du Parc régional Val-David / Val-Morin. Micheline Loiselle et André Berthelet sont présidents du Comité du oui à Val-David et François Gibeau en est le président pour Val-Morin. L’idée de base était : Comment impliquer et convaincre le plus de gens possible des deux municipalités à voter oui ? Il fallait ramasser de l’argent tout en mobilisant une communauté pas nécessairement encline à aller faire du plein air au Parc. Il y eut les pancartes Le Parc, oui je le veux ! que les gens achetaient pour 20$ et qu’ils plantaient sur leur terrain, il y avait des collants de cette bannière pour l’auto et ailleurs, des macarons. Bref, il fallait tapisser les 2 municipalités et afficher au maximum cette publicité afin de convaincre les 2 populations que le Parc, ils le voulaient et qu’ils étaient d’accord à ce que leur Municipalité fasse les emprunts nécessaires pour acheter et exproprier les terres nécessaires. Il y avait un local permanent pour le Comité du oui où de nombreux bénévoles s’activaient. Quelques noms à Val-David: Suzanne Lapointe Mariette Morissette, Nicole Davidson. Paul Laperrière était littéralement partout …
Campagne pour le Oui lors du référendum de 2003.
Du côté de Val-Morin, ça bouge aussi. Simon Bazinet fournit un local au 916 de la 14e Avenue. Mmes Caron et Blanchette aidées de nombreuses personnes de différentes générations se mobilisent. Francophones et anglophones, dans un même élan de solidarité, font des téléphones et du porte-à-porte. M. Michel Bazinet, conseiller municipal, s’implique très activement avec son fils Simon. Le Parc, on le veut ! Déjà, le conseil municipal avait voté une politique de protection des sentiers de ski de fond. M. Cousineau, pour avoir son permis de développement, dut s’engager à ne pas couper les pistes et à laisser des accès et droits de passage aux skieurs, raquetteurs et marcheurs.
Le point tournant de la campagne fut la fameuse cassette vidéo Un Parc pour la vie. Jour et nuit, une équipe de bénévoles montée par Micheline Loiselle a produit la cassette qui fut ensuite distribuée gratuitement, toujours par des bénévoles, à 3 000 foyers des 2 villages, 10 jours avant le vote. Saluons ici le travail généreux de Gilles Parent, scénariste, et de Marc Gadoury, cameraman. On tourne le jour et on fait le montage à Montréal la nuit. Jean Doré et Karine Blais font la narration.
Bref, 2 mois de travail intense sur tous les fronts, organisés par MM. Berthelet, Gibeau et Mme Loiselle et accomplis par une armée de bénévoles.
2003 – 2 nov. – Élection municipale et référendum dans les 2 municipalités pour permettre aux deux Conseils municipaux d’emprunter les sommes nécessaires pour l’achat des terres en vue d’en faire un parc régional. Le oui l’emporte à 64% à V-D et à 56% à V-M. Les résidents des 2 villages qui étaient favorables au Parc sont fous de joie et le mot est faible pour ceux et celles qui s’en souviennent. Ce fut un méchant party cette nuit-là, des sourires et de l’allégresse partout.
Les 2 nouveaux maires sont MM. Asselin à V-D et Brien à V-M. Un peu après les élections, la maire Asselin finalise la négociation avec Benoît Guindon, qui représente la famille Guindon, et Val-David est enfin propriétaire du terrain qui deviendra : le stationnement, le chalet d’accueil et le début des pistes.
Grand merci : à Claude Lévesque, Serge Desrosiers, Paul Laperrière, Micheline Loiselle, André Berthelet, Jacques Dufresne et M. Delage DG de Val-Morin pour leur disponibilité.
En complément
- La grande (et la petite) histoire de notre Parc – Partie 3 Enfin le parc!
- Histoire de l’auto-neige (devenue motoneige) à Val-David
- Le combat pour sauver Guindonville reportage de Radio-Canada .