Capsule historique: Des autochtones sur le territoire de Val-David ?

Par Paul Carle

 

Aucun des arpenteurs-géomètres qui ont procédé au relevé  des cantons de Morin, Doncaster et Wexford  ne mentionne la présence d’autochtones avant l’arrivée des premiers colons sur les lots  du territoire  actuel de Val-David. Est-ce à dire qu’aucun  autochtone  n’ a résidé ou circulé sur le territoire de Val-David et  dans ses  environs?

 
La réserve de Doncaster et ses antécédents

 

La plupart des arpenteurs-géomètres  signalent  la présence d’autochtones  aux environs de Sainte-Lucie dans le canton de Doncaster. Le 9 août  1853, le gouvernement du Canada-Uni  cède aux Mowaks le quart de la superficie de ce dernier canton  pour créer la réserve de Doncaster appelé  aussi  Tiowerò:ton qui signifie : « petite brise devenue un vent tourbillonnant ».

Les autorités gouvernementales officialisaient une situation de fait. Car, plusieurs  témoignages confirment  que les autochtones fréquentaient cette région depuis plusieurs années. Citons entr’autres :

B.A.T. de Montigny qui, dans con ouvrage portant sur la colonisation du Nord,  note que vers 1820, son aïeul Casimir-Amable Testard de Montigny  avait établi  sur les bords de la rivière du Nord  aux environs de Saint-Jérôme «  un comptoir pour la traite des pelleteries avec les Iroquois  du lac des Deux-Montagnes qui venaient y faire la chasse ». *1

Réal Doré rapporte qu’en 1837, après la victoire des troupes et des milices du général Colborne à Saint-Eustache, plusieurs Patriotes de crainte d’être emprisonnés  s’étaient enfuis en empruntant les rivières du Nord et de  la Doncaster pour se terrer  dans les environs de Sainte-Lucie et de Sainte-Marguerite sur les territoires de chasse des Sauvages. *2 Soulignons qu’à cette époque cette dernière appellation dérivée du mot latin silva qui veut dire forêt n’a pas de connotation péjorative. Elle désigne  « ceux qui habitent la forêt ».  Bref, nous pouvons avancer que les  autochtones ont occupé la région de Sainte-Lucie bien avant l’arrivée en 1849 des premiers colons à Val-David.

Les autochtones sur le territoire de Val-Morin

 

1847 : Quinn, Canton Morin, p. 13

L’arpenteur-géomètre Owen Quinn  note  dans son carnet de 1847 qu’il a trouvé  sur la rive droite de la rivière du Nord dans un site situé sur le territoire actuel de Val-Morin deux sépultures indiennes.*3  Le recensement de 1851 témoigne de la présence d’autochtones sur le lot  14  du rang 10 du Canton Morin (mont Sauvage)  situé sur le territoire actuel de la municipalité de Val-Morin mais, qui à l’époque faisait partie de la paroisse Sainte-Adèle. Le clan, au nombre de 11 , tous originaire d’Oka, comptait   outre  Simon AMICONS, Nipissingue cultivateur âgé de 47 ans; son épouse Élisabeth NIBICHIQUAI, 37 ans   dont le père était Iroquois et   la mère Algonquine , Isabelle  MALILOUISE 60 ans; François X AMICONS, journalier, 14 ans ; Vincent AMICONS, 8 ans ; Marie AMICONS, 5 ans ; Simon BEDEAU, 70 ans ; Isabelle AMICONS, 28 ans ; Catherine ROBERSON, 1 an ; Lindor SAUVAGE, 37 ans ; Charles AMICONS, 16 ans. Le lot  du clan  Amicons  s’étendait sur 136 arpents, dont  8 arpents de terre en culture, 6 ayant produit une récolte et 8 en pâturage. On y retrouvait 2 vaches laitières, 1 cheval, 2 moutons et 1 cochon. La ferme  produisait du beurre, du lard et des pommes de terre.*4  L’état de leur lot se compare avantageusement avec celui  de leurs voisins de cette époque. En 1861, le clan Amicons n’apparaît pas dans le recensement. Ses membres ont-ils choisi comme le suggère Michelle Dubuc, « d’aller demeurer dans leurs nouvelles  réserves » *5  ou encore ont-ils été forcés d’abandonner  leur lopin de terre? 

Conclusion

 

Source : Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut
 
 
Réf. : Conception : Pierre Dumas, ingénieur, M. Sc. A., Fond de carte : Gouvernement du Québec, Commission de protection du territoire agricole
 

Aucun des documents que nous avons consultés ne mentionne la présence d’autochtones sur le territoire de Val-David. Toutefois, la proximité d’une réserve et d’une famille établie sur le territoire  de Val-Morin nous laissent  présumer  que des autochtones aient à tout le moins chassé, pêché et circulé sur le territoire de Val-David. 


*1 Montigny, B.A.Testard. de (1887),  Colonisation. Le nord, Montréal, l’Étendard,p.7

*2  Réal Doré,  http://canardoublie.blogspot.com

*3 Le Carnet d’Owen Quinn intitulé M16 Morin 1848 se retrouve sous la cote   E21,S60,SS3,PM16 dans le  Fonds Ministère des Terres et Forêts conservé au dépôt d’archives de Québec de la Bibliothèque et archives nationales du Québec.  p.13

*4 Ces informations proviennent du recensement de 1851, du site internet Weskarinis.ca  ainsi que  de la liste des habitants de Sainte-Adèle en 1851 compilée par le notaire Jean-Baptiste Lefebvre de Villemure pour établir la répartition des coûts de l’ouverture des chemins dans la paroisse de Sainte-Adèle citée dans  http://mgvallieres.com/adele/recens/GVoyer1851.htm

*5 Dubuc Michelle et Jean-Louis Perrault (2015), Saint-Adèle à travers le temps 1842-2005 , Les éditions Sainte-Adèle, p.62

 


 

En complément

La réserve Mohawk de Doncaster