La mairie de Val-David

Par Claude Proulx et Jean-Patrice Desjardins

 

« Je suis plongé dans le Nord. Immersion complète. Les grandes ombres des forêts m’enveloppent tout entier et il me reste à peine un oeil de libre pour contempler les vastes régions de terre franche, que nous allons couvrir d’innombrables colons. »   Arthur Buies, Lettre au Curé Labelle, 1881.

 

La Mairie du village est située au 2579, rue de l’église, sur une partie du lot trente et un, dans le rang onze du canton Morin.

Anthime Ménard, fils du premier colonisateur Narcisse, arrivé dans nos cantons en 1849, hérite, au décès de son père en 1896, du lot trente et un, dans le rang onze du Canton Morin. Le fils ayant « acquis par bons titres dûment enregistrés et libres de tout droits Seigneuriaux » ce lot de terre qui constitue une grande partie du noyau villageois d’aujourd’hui.

Le 22 septembre 1931, Urgel Labelle achète une partie du lot trente et un, soit soixante douze arpents. Le vingt-sept avril 1937, Léonidas Dufresne, se porteur acquéreur de cette parcelle de terre, soit la plus grande partie dudit lot comme on peut le lire aux registres du comté de Terrebonne.

Monsieur Raoul Duplessis, alors âgé de trente-deux ans ; instituteur pour la Commission des Écoles Catholiques de Montréal, commence à fréquenter assidûment notre Village en 1934 avec son épouse Alice et leurs deux premiers enfants Gérard, 6 ans et Claire 3 ans.

Jusqu’en 1940, Duplessis loue des chalets de Léonidas Dufresne aux abords du Mont-Condor. L’air du Nord est bénéfique et la famille est florissante. Naîtront plus tard Lionel en 1937, Monique en 1941, Françoise en 1943 et enfin Micheline en 1945.

 
La Mairie de Val-David vers 1940. Dessin de Sonia Paquin, 2000. Archives de la SHPVD.

Les premières années, pour se voyager de Montréal vers les montagnes laurentidiennes, la voiture de l’oncle Wilfrid Lafrance est bien utile, mais comme Alice est souvent enceinte on utilise plus tard le Train du Nord.

Le premier mai 1941, Raoul Duplessis achète de Léonidas Dufresne une grande partie du lot trente et un et un autre lopin du lot trente. Cette vente s’était effectuée à la manière manuscrite du temps avec un addendum détaillé de l’emplacement exact des lieux.

L’acheteur fait préparer les plans de sa future maison de campagne par Paul Lemieux, architecte à Montréal. La construction commence dès l’été 1941 par la partie gauche du bâtiment dont l’érection progressive sera terminée en 1947.

L’architecture de la maison est d’inspiration savoyarde. Paul Lemieux, diplômé d’une École d’architecture parisienne, s’inspire de ce type d’architecture français, ayant séjourné dans les hautes montagnes de la Savoie en France.

L’extérieur du bâtiment est couvert de pierre des champs qui proviennent des terres environnantes. Raoul Duplessis prend un soin méticuleux à la sélection de chacune des pierres.

Dès les débuts de la construction on fait appel à un sourcier de réputation, un dénommé Aveline, dit-on, de descendance Amérindienne, pour trouver une nappe d’eau. Puis, on construit un puits du coté Ouest de la maison. La margelle du puits est construite par Duplessis Ce puits est aujourd’hui enfoui dessous une rallonge construite plus tard par un nouveau propriétaire. 

Monsieur Duplessis retient les services des meilleurs ouvriers du village pour ériger sa maison. Léo Piché, pour les portes et les fenêtres. La plomberie est exécutée par Sylva Noël ; Philippe Monette et Hormidas Marinier travaillent à la menuiserie. La maçonnerie par René Robert et les matériaux de construction sont fournis par la cour à bois de chez L. Dufresne & Fils.

Au début de l’année 1948, monsieur Duplessis se préoccupe de faire cadastrer ses Terres pour officialiser ses titres de propriété. Le 29 avril de la même année, Ovila Bédard, alors Sous-Ministre aux Terres et Forêts confirme par écrit auprès du Régistrateur à Saint-Jérome, les détails de l’homologation des terrains de monsieur Duplessis, qui sont alors désignés : lot no.30-25 dans sa partie est, et lot no.31-76 dans sa partie occidentale et ayant respectivement des superficies de 60,194 pc. Et 306,270 pc.

Ce n’est que le huit mai 1948, par un Acte devant Me Ulysse Hamel, notaire à Ste-Agathe-des-Monts que monsieur Duplessis devient officiellement propriétaire des terrains, qu’il avait acquis de Léonidas Dufresne, par un document manuscrit, le premier mai 1941. Ce document fait partie des archives de l’auteur de cet ouvrage.

Sur la colline, notre bâtisseur, reconnu pour être un nationaliste, fait ériger un mât en 1950, au haut duquel flotte un drapeau arborant le drapeau au Fleur de Lys. Ce mât est toujours en place.

Le 26 octobre 1960, Raoul Duplessis vend toutes ses possessions qu’il possède à Val-David ; terres, maison et dépendances, à la Commission des Écoles de Val-David, pour 21 500$.

La maison de monsieur Duplessis est louée à Jacques Leroux qui l’habite pendant plus de huit années avec sa famille.

Par-devant Maître Ghislain Lapointe, notaire à Ste-Agathe-des-Monts, le vingt-cinq juin 1969, la Municipalité Scolaire de Val-David vend un terrain d’une superficie de 174 409 p.c., partie du lot 31 à la Corporation Municipale de Val-David, pour 13 810$, sur lequel est érigée la superbe maison de la famille Duplessis.

C’est donc en 1969 que la Municipalité y installe l’officine du Secrétaire trésorier du village. Monsieur Roger Ouimet qui occupe le poste d’adjoint municipal, loue une grande partie de la maison pour y résider durant une quinzaine d’années avec son épouse et leurs fils Daniel et Marc.

Le feu fait ses ravages au bureau de la Mairie en 1972. Les dégâts causés obligent de faire des réfections importantes de l’édifice, ce qui aura pour effets de modifier considérablement certaines parties de l’architecture d’origine du bâtiment.

En 1991, on construit une rallonge du coté Ouest de la bâtisse pour recevoir les employées des divers services municipaux.

En 2001, l’édifice de la Mairie est occupé par le Directeur général et une secrétaire ; le directeur des travaux publics ; le directeur de l’urbanisme ; le responsable de la trésorerie et une secrétaire; la directrice des Organismes communautaires ; la Responsable de la perception des taxes et la responsable des loisirs. Enfin, le bureau du Maire au rez-de-chaussée et une grande salle de réunion au deuxième étage, comptent parmi les autres espaces prestigieux de La Mairie.

La Mairie de Val-David, vers 2000. Photographie par Claude Proulx.
 La Mairie de Val-David en 2018. Photographie par Jean-Patrice Desjardins.