Par Claude Proulx
À trois minutes de marche du noyau villageois, en bordure de la rivière du Nord, à proximité des cascades donnant sur le Parc des Amoureux, cette belle résidence qui enrichit le patrimoine architectural du village, se trouve au 1480, chemin de la Rivière. Direction nord-ouest, elle voisine La Maison de Bavière.
Albert Leroux est né en 1890, dans le rang Sainte-Marie à Sainte-Monique, dans les basses Laurentides. Fils d’un noble cultivateur, il apprend son métier sur la ferme paternelle.
Sur une terre voisine à Sainte-Scholastique, habite la plus belle des filles du Canton de Terrebonne ; Bernadette Nepveu, qu’il fréquente et avec qui il se marie en 1911, en l’église de Ste-Scholastique.
En 1914, Albert et Bernadette Leroux achètent une grande ferme sur la Côte Saint-Jean à Sainte-Monique. De leur union naissent dix enfants : Gérard, Marc, Marie-Claire, Engelbert, Marie, Noël, Joseph, Lucille, Rosaire, et Denise en 1928. Seuls, Engelbert et Denise vivent encore.
Durant l’été de 1926, Albert et Bernadette Leroux, avec leur voiture à chevaux vont vendre les produits de leur ferme au marché public à Saint-Jérôme. Ils rencontrent Léonidas Dufresne, alors maire à de notre village. Ce dernier leur raconte que Joseph-Roch Larocque, propriétaire des moulins à scie et à farine de son village, désire vendre son commerce.
Albert Leroux, reconnu pour être un homme d’affaires, s’amène sur les lieux et conclu une entente de principe avec le vendeur en septembre de la même année et achète les moulins et ses dépendances le vingt janvier 1927.
Tôt au printemps de la même année, la famille Leroux aménage leur résidence familiale dans une maison qui se trouve sur l’île à proximité des moulins, à l’endroit même où habite aujourd’hui Michel-Thomas Tremblay.
L’ exiguité de cette maison familiale force le nouveau meunier à planifier la construction d’une nouvelle résidence.
Maison Albert-Leroux en 1928. Peinture de Mariette Dubreuil
En 1929, le meunier Leroux fait construire une magnifique maison familiale sur un terrain qui fait partie de l’emprise de ses moulins à eau. La Maison Albert-Leroux est située, sur une partie du lot 32, dans le rang onze du Canton Morin.
La Maison Albert-Leroux en 1929. Dessin de Sonia Paquin, 2000. Archives de la SHPVD.
À l’époque de sa construction, ce bâtiment, qui compte parmi les plus belles maisons du village, se présente au courant d’architecture pittoresque. Son terrain se limite à une superficie de quinze mille, cinq cents pieds carrés.
Le bâti de deux étages est bien ancré sur une fondation de pierres des champs qui fait quatre-vingt centimètres d’épaisseur, sur neuf mètres de largeur et dix mètres de longueur. Le rez-de-chaussée comprend la chambre des maîtres, une salle à dîner que deux portes françaises coulissantes séparent du salon familial lequel est doté d’un foyer de pierres. Une cuisine, un den à déjeuner et un portique complètent cet étage.
Le deuxième plancher abrite quatre chambres à coucher. Puis du côté de la rivière, une rallonge de commodités est érigée. Tous les murs, les plafonds et les planchers sont recouverts de planches de bois de dimensions diverses.
Une descente au sous-sol nous fait vibrer aux rythmes des méthodes de constructions des années du début du vingtième siècle, avec ses poutres rondes de soutènement et ses murs de pierre des champs.
Plusieurs autres modifications sont exécutées par les propriétaires qui se succèdent.
« J’ai onze ans lorsque nous aménageons dans notre nouvelle maison. Avec ses dix enfants notre mère Bernadette est admirée pour être une mère de famille et une épouse dévouée et vaillante. Elle confectionne quantités de conserves, s’adonne ardemment à la couture, exécute des tricots que les voisines et les femmes du village admirent et en plus elle se permet d’aller aider mon père régulièrement à la moulange au moulin à farine », ce que nous raconte aujourd’hui le fils d’Albert, Engelbert.Leroux. « Notre père Albert, est élu maire du village de Val-David pour deux termes, de 1948 à 1951. C’est un homme de décision, qui a le cœur à la bonne place et le bien de notre beau village » de poursuivre monsieur Leroux fils.
Dans son testament du 21 août 1964, Albert Leroux, lègue tous ses biens à son épouse Bernadette. Il décède le vingt-huit décembre 1970 et Bernadette le suit le vingt et un mars 1973.
Le fils, Engelbert Leroux, né en 1918, se marie le dix-sept août 1940, en l’église de Ste-Agathe-des-Monts, avec Juliette Lajeunesse, fille d’Ovila Lajeunesse et de Florida Paiement, du Lac Brulé.
Engelbert et Juliette ont deux enfants : Marcel, né en 1942 qui épouse Lise Liboiron, la fille d’un ancien chef de gare à Val-David et Madeleine en 1945. Engelbert Leroux se fait élire comme conseiller municipal en 1954, puis démissionne en 1955 pour occuper le poste de contremaître de la Municipalité du village de Val-David, jusqu’en 1982.
Le sept janvier 1974, monsieur Rémi Vézina, entrepreneur en construction au village, époux de Florence Saint-Louis, achète la maison de la Succession Leroux.
Le quatorze juin 1974, Fernand Lebel, se porte acquéreur de la maison Albert-Leroux. Celui-ci procède à des rénovations importantes. L’étage supérieur est converti en un logement pour fins de location.
Yvan Grégoire, résident à Montréal, achète la propriété le vingt et un août 1981. Il semble selon certains que ce nouveau propriétaire néglige l’entretien de sa maison.
Le seize mars 1985, un consortium montréalais, s’approprie les titres de propriété de la Maison Albert-Leroux, pour en faire leur résidence secondaire en montagnes.
Ce groupe formé de : Michel Marsolais, Rita Michaud, Pierre Drouin, Lucille Michaud, Cécile Michaud, nous racontent : « depuis près d’une vingtaine d’années nous fréquentions Val-David. Nous en avions fait notre village d’adoption et notre milieu privilégié pour nos repos de villégiature. Nous observions cette belle maison et souhaitions en devenir les occupants.
Tout en prenant une marche de santé, vers la fin de l’hiver de 1985, une affiche, à vendre, a rempli nos cœurs de joies. L’achat de cette résidence, constituait pour nous la consécration de notre rêve ».
On procède à des réparations multiples et de tous acabits pour faire de La Maison Albert-Leroux, ce qu’elle est aujourd’hui avec ses arrangements paysagers à l’extérieur.
Photo de la maison Leroux vers 1990. Don de Florence Saint-Louis, Archives de la SHPVD.
En 2018, c’est un restaurant et un gite appelé Les Passionnés qui occupe la maison.
Maison Albert-Leroux. Photo Claude Proulx, vers 2000.
Grâce à son bon goût et son savoir-faire, on a su préserver le cachet pittoresque d’origine de la Maison Albert-Leroux . Une contribution appréciée à la sauvegarde et à la conservation du patrimoine bâti de notre village.