La maison Anthime-Ménard

Par Claude Proulx et Jean-Patrice Desjardins

 

La Maison Anthime-Ménard qui abrite aujourd’hui le C’est la vie café, est située au 1347, Chemin de la Sapinière, dans le noyau villageois de Val-David.

Anthime Ménard, fils du premier colonisateur Narcisse Ménard, arrivé dans nos cantons en 1849, hérite, au décès de son père en 1896, du lot 31, dans le rang onze, du canton Morin. Le fils ayant «acquis par bons titres dûment enregistrés et libres de tout droits Seigneuriaux » ce lot de terre qui constitue une grande partie du noyau villageois d’aujourd’hui.

Au printemps de l’année 1899, Anthime Ménard, cultivateur et son épouse Donalda Gagné aménagent dans leur nouvelle maison familiale au courant d’architecture pittoresque, qu’ils viennent de construire sur la rue de La Gare.

Cette belle maison est solidement ancrée sur une fondation de pierres qui fait presque un mètre d’épaisseur. Les murs extérieurs sont lambrissés de bardeaux de cèdre et le toit est en tôle. À l’origine, l’escalier qui donne sur l’entrée principale est double, ce qui offre un cachet particulier.

La maison Anthime- Ménard en 1899. Dessin de Sonia Paquin, 2000 

La maison Anthime-Ménard en 1899. Dessin de Sonia Paquin, 2000.

Le couple y élève leurs sept enfants : Mérisa, Marie-Anne, Agna, Eugène, Charles, Germaine et Élise.

Devant Maître F.X.Desrosiers, notaire à Ste-Agathe-des-Monts, le onze mai 1913, Anthime Ménard, vend sa maison à Henri Brisebois, contremaître de la voie ferrée du Pacifique Canadien,

« un emplacement, situé à Bélisle’s Mill, faisant partie du lot numéro trente et un, dans le onzième rang, du canton Morin, contenant un demi arpent de front sur un arpent de profondeur, borné par un chemin réservé entre le terrain du Pacifique Canadien et le terrain vendu et des trois autres côtés par le vendeur. La vente est faite pour le prix de cent piastres, de laquelle somme le vendeur crée un constitut de la somme de six piastres, payable à la Saint-Michel de chaque année »

 

Le quatre octobre 1971, la succession de Henri Brisebois, vend la propriété, pour la somme de huit mille dollars, à Jean-Paul Thibault, qui y opère un commerce comme boucher.

Pour agrandir sa propriété, monsieur Thibault achète de Roméo Gareau, une petite lisière de terrain, le 28 juin 1976.

Le deux octobre 1980, Guy-Paul Chapdelaine se porte acquéreur de la maison, pour le prix de trente-huit mille dollars. Le nouveau propriétaire y exerce son métier de boulanger.

Le treize décembre 1985, monsieur Chapdelaine vend son établissement à un consortium formé de trois jeunes hommes d’affaires ; Pierre Pérusse, Jean Courtemanche et Michel Giroux.

Un commerce d’articles de sports, vélo, ski et escalade en montagne se développe. L’étage supérieur est rénové. Sylvie Ouellette et son conjoint Jean Courtemanche y habitent. Le vingt deux janvier 1987, Michel Giroux rapatrie les actifs qu’il possède dans cet établissement et il en reste le seul propriétaire.

Dominique Landry et Madeleine Côté achètent la maison le trois février 1988, pour en faire leur résidence. Le couple revend la propriété le vingt-six septembre 1989 à madame Véronique Lachance, une femme d’affaires de Beloeil.

Le vingt-six mars 1991, Jean-Denis Bisson, sculpteur et Louise Julien, artiste peintre, tous deux résidents à Ormstown, deviennent les nouveaux propriétaires de la maison. Le couple y exerce un commerce dans leur métier respectif. Bisson, est innovateur, il fabrique trois corneilles en métal et les installe sur le toit. On y offre un accueil chaleureux, mais les affaires ne sont pas à la hauteur de leurs espoirs.

Marie-Ève Angelino-Catella, de Chamonix, Savoie en France, achète la maison le quatorze mai 1993. Elle s’installe dans sa nouvelle demeure à Val-David et à l’automne de la même année, elle ouvre un gîte d’hébergement touristique qu’elle nomme Le temps des cerises. Une appellation bien québécoise, pour désigner dans un langage philosophique « que l’on est bien à l’aise ici » !

 

Le 17 mai 1995, un jeune couple nous arrive de la France. Valérie Sellen et Frank Gimard. Il se porte acquéreur du gîte Le Temps des Cerises. Valérie, qui a fait ses armes pendant une dizaine d’années, Place de l’Opéra à Paris dans le tourisme hôtelier et Frank à Albertville dans les Alpes de la Savoie, s’installent dans leur nouveau home canadien, pour y opérer le commerce d’hébergement. C’est, sur la recommandation d’amis français qui étaient venus à Val-David, que nous sommes venus ici en février 1995, pour visiter la maison. Nous sommes tombés en amour de ce village, des villageois et de la résidence « Le Temps des Cerises » comme nous racontent Valérie et Frank. Les gens et les autorités municipales nous ont accueillis chaleureusement et nous nous sommes immédiatement fait plein de copains.

 

Avec l’arrivée de Valérie et de Frank, Le Temps des Cerises, connaît des améliorations importantes notamment ; la rénovation des cinq chambres à coucher et des salles de bain ; la construction d’une terrasse à l’avant, puis d’une pergola à l’arrière. L’extérieur est peint de couleurs flamboyantes : de rouge et de vert. Une nouvelle Val-Davidoise, naît du couple Valérie et Frank, le quatorze septembre 1997. Nommée Rhéa, un enfant qu’ils chérissent comme de vrais Québécois, qu’ils sont devenus.

 

Valérie et Frank prennent un soin particulier, rempli de bon goût, de la préservation et de la conservation patrimoniale de cette bâtisse historique, qui célèbre cent deux ans d’existence en 2001.

La maison Anthime- Ménard. Photo Claude Proulx, 2003 

La maison Anthime-Ménard . Photo Claude Proulx 2003

 

Jean-Bryan Yaku est propriétaire de l’édifice depuis 2009, créant en ce lieu le C’est la vie café (il y a aussi un appartement au second étage). Selon son nouveau propriétaire, la maison daterait de 1890 et des membres de la famille Brisebois (aujourd’hui installés à Saint-Adolphe) qui fréquentent le café ont mentionné que c’est leur grand-père qui a construit la maison. «Un des Brisebois est même arrivé avec des documents montrant qu’elle a été vendue 100 dollars en 1917. J’ai eu des dames de 80 ans qui me racontaient s’amuser dedans étant jeune», explique Jean-Bryan Yaku.

La maison est entièrement «d’origine », selon son propriétaire, «seuls des renforts en poutre d’acier ont été placés pour le second étage». 

 

 La maison Anthime-Ménard en 2018. Photo de Jean-Patrice Desjardins.