La maison Félix-Barbary-Dit-Grand-maison

Par Claude Proulx

Un bâtiment historique qui s’inspire du concept de conservation naturelle, dicté par les besoins familiaux des ancêtres du village et par les moyens financiers de ses multiples propriétaires. À quelque sept kilomètres du noyau villageois, la maison est située dans le secteur du Lac Paquin, à l’adresse civique du 1188, Chemin du septième rang.

Félix Barbary dit Grand-Maison, arrive dans nos cantons en 1853. Il vient de quitter son village natal de Saint-Janvier dans les Basses-Laurentides. En remontant la rivière, il obtient du notaire André Bouchard-Lavallée, l’Agent des Terres de la Couronne à Sainte-Adèle, un Bon de colonisation, pour développer les lots dix et onze, dans le septième rang du Canton Morin, territoire non organisé qui fait partie de la municipalité du comté de Terrebonne.

 Maison Barbary-dit-Grandmaison en 1853. Dessin de Sonia Paquin, 2000
Maison Barbary-dit-Grandmaison en 1853. Dessin de Sonia Paquin, 2000. 

En 1853, pour satisfaire aux obligations de son Bon de Colonisation, Grand-Maison, cultivateur qu’il est de son statut, se construit une résidence familiale et une écurie, dans les montagnes occidentales du canton Morin. La maison est d’un courant d’architecture traditionnel. Le carré du bâti en bois de pièce sur pièce de douze pouces sur huit, fait vingt et un pieds sur vingt-neuf. Il est bien ancré sur une fondation de pierre des champs, cueillies à même la générosité des montagnes environnantes et du vallon qui caractérise l’endroit.. La fondation fait vingt quatre pouces d’épaisseur. Un seul étage est aménagé, qui donne trois chambres à coucher et une cuisine qui sert de salle à manger et de salle de réunion familiale. C’est la coutume de l’époque.

Grand-Maison est un homme de bien et de courage qui s’intéresse fortement au développement du territoire. Il est aimé de tous et reconnu, par les premières familles qui l’ont précédé depuis 1849 et par les autres qui s’installent dans le septième rang à proximité d’un beau lac. Vers 1860, les habitants du temps nomment ce plan d’eau, le Lac Grand-Maison en l’honneur de Félix Barbary dit Grand-Maison, pour sa contribution à l’essor de la colonisation et pour sa bienfaisance. Plus tard le lac prend successivement la dénomination de Lac Berthiaume puis de Lac Paquin.

Le 18 juillet 1854, la Paroisse catholique de Sainte-Adèle est fondée, puis le 23 juillet 1855, c’est la fondation de la Municipalité de Sainte-Adèle, à laquelle nous appartenons à ce temps.

Le premier décembre 1864, Cyprien Biroleau dit Lafleur, Écuyer et Capitaine de Milice, résidant à Sainte-Adèle, se porte acquéreur du domaine de Grand-Maison ; avec une écurie et un carré de maison dessus construits. Biroleau-dit-Lafleur est Conseiller municipal à Sainte-Adèle depuis la fondation de ce Village.

Dès le printemps de 1865, Biroleau dit Lafleur qui est aussi cultivateur, construit une immense grange qui sert aussi d’écurie. Ce bâtiment qui fait environ soixante pieds sur trente est érigé avec des planches et des poutres de bois, fruits du déboisement des forêts environnantes.

Les billots de bois sont transportés de l’autre bout du septième rang vers le moulin à scie de Louis Papineau, sur le bord de la rivière du Nord, qui en fait des planches et des poutres et enfin le tout rapporté au lieu d’origine, un aller-retour d’une quinzaine de kilomètres. Les toits de la grange sont lambrissés en bardeaux de cèdre.

Alphonse Bérichon, cultivateur à Sainte-Agathe-des-Monts, se porte acquéreur du domaine. L’Acte de vente datée du vingt huit juillet 1873, chez le notaire A.B.-Lavallée à Sainte-Adèle, stipule que la transaction est faite pour la somme de Trois-Cents-Livres, en ancien cours monétaire.

Le premier octobre 1910, Rodrigue Valiquette, cultivateur à Ste-Agathe-des-Monts, achète le domaine pour la somme de deux mille deux cents piastres. Dans cet acte fait chez le notaire Alphonse Valiquette, on lit que la transaction comprend : une terre sur le lot numéro dix du septième rang, canton Morin, avec toutes les bâtisses, et contenant quatre vingt dix neuf acres de terre en superficie, puis un autre terrain, la moitié nord-est du lot numéro onze. Les deux terrains sont contigus, avec un moulin à battre de marque Chalifoux.

Le dix mai 1921, notre territoire se détache de Sainte-Agathe-des-Monts et prend le nom de La municipalité du village de Saint-Jean-Baptiste-de-Bélisle.

Napoléon Gascon, cultivateur, fils de Joseph, descendant de la lignée des Lalongé-dit-Gascon, achète le domaine le vingt deux octobre, 1923 pour la somme de deux mille cent-soixante-quinze piastres. Cette acquisition s’exécute en prévision que son fils Jules prenne la relève de la ferme. Napoléon Gascon et son épouse Mélina Saint-Louis qui ont quatorze enfants, poursuivent leur vie familiale dans leur maison qui se trouve sur le lot six B, dans le huitième rang. Monsieur Gascon succède au premier maire de la Municipalité de Saint-Jean-Baptiste-de-Bélisle de 1939 à 1943.

Le vingt deux octobre de 1924, Jules Gascon (fils), prend enfin possession de la terre du 7e rang. Il épouse Marie-Louise Guindon de Chute-à-Blondeau en 1925 et le couple aménage dans leur nouvelle demeure familiale. Ce n’est que le vingt quatre décembre de 1930, que Jules Gascon finalise la transaction d’achat du domaine que son père avait acheté pour lui, chez le Notaire Ulysse Chassé. Le couple Marie-Louise Guindon et Jules Gascon ont huit enfants et citons : Georgette, Réal, Jacques et Gisèle.

Les beaux dimanches de printemps sont occupés avec parents et amis à l’érablière de Jules, là où on commence à entailler quelques érables et à fabriquer le sirop d’érable à ciel ouvert.

Vers 1930, à l’arrière de la maison familiale, du côté sud-est, on construit une rallonge qui donne une chambre à coucher et une cuisine d’été que l’on appelle le bas-côté. En 1935, les toits de la maison ainsi que celui de la grange sont revêtus de tôle.

Le trente juin 1944, notre Municipalité de Saint-Jean-Baptiste-de-Bélisle prend la dénomination de : Municipalité du village de Val-David.

Vers 1950, on lambrisse les murs extérieurs de la maison en papier-brique. Puis, une cabane à sucre est construite en montagne dans la partie nord ouest du lot dix. L’exploitation de l’érablière, où on y entaille chaque printemps environ deux cents arbres, rapporte plus d’une soixantaine de gallons de sirop d’érable que l’exploitant partage avec sa famille et ses amis et qu’il vend dans le Canton.

À Val-David, le 28 mai 1958, Réal Gascon, fils de Jules, se marie à Georgette Monette. Il achète la terre et ses bâtisses de son père Jules, le vingt-huitième jour d’août de 1965..

Le couple qui vit à Montréal depuis l’année de leur mariage aménage dans la maison familiale à Val-David, en août 1967 avec leurs quatre enfants. Une autre fille naît plus tard.

Malgré ses nombreuses occupations familiales, Georgette Monette-Gascon, diplômée en gérontologie de l’Université à Hull, consacre beaucoup de temps à la fondation de l’AFEAS à Val-David et dans les Laurentides.

Réal Gascon, qui occupe le poste de concierge des deux écoles à Val-David pour la Commission Scolaire des Laurentides de 1969 à 1993, siège aussi comme administrateur de la Caisse Populaire pendant une dizaine d’années et agit comme marguiller de la paroisse durant deux ans. Ce dernier trouve quand de même le temps d’exploiter l’érablière familiale jusque vers 1997, où il y entaille annuellement quelque soixante quinze érables qui lui rapportent une vingtaine de gallons de sirop et à l’instar de son père qu’il partage avec les membres de sa famille et ses amis.

 
 

La grange de la maison en 2001. Photo Claude Proulx.

La grange de la maison en 2001. Photo Claude Proulx.
 
 
Réal Gascon devant la maison Barbary-dit-Grand-Maison, 2001.
 
Réal Gascon devant la maison Barbary-dit-Grand-Maison, 2001. Photo Claude Proulx

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