Par Claude Proulx et Paul Carle
L’Auberge le Rouet qui surplombe une colline, en périphérie du lac La Sapinière, surgit comme un fleuron touristique qu’il est devenu, dans ce beau village et dans la région Laurentidienne. Fruit des immenses labeurs de son propriétaire, on le trouve au 1288, rue Lavoie, sur une partie du lot numéro trente, dans le rang onze du canton Morin
En 1873, Césaire Dufresne s’approprie le lot numéro trente dans le rang onze, du Canton Morin, grâce à un Bon de Colonisation que lui livre le notaire A.B.Lavallée, l’Agent des Terres de la Couronne à Sainte-Adèle. Cette terre sert de pacage pour les animaux de la ferme, jusqu’à ce qu’on y vienne construire des maisons.
Un grand chalet est construit vers 1927 par Oscar Lalande pour son fils Aimé. Le bâtiment, d’architecture rustique, est en bois rond, sur deux étages avec ses balcons sur deux façades.
Il comprend trois chambres à coucher, une grande cuisine, un spacieux salon et une salle à manger. À l’intérieur un immense foyer en pierre des champs orne le salon qui sert de salle familiale. Tous les murs intérieurs sont en bois rond.
Au cours des ans monsieur Alfred Sarrazin loue le chalet quelques saisons, puis, de 1947 à 1950, il est loué à l’Abbé Bernard Gingras, pour y tenir la Colonie de vacances Les Écureuils. Il baptise la maison : Le Rouet.
En 1950, Simone Lapierre achète la maison. Son époux Maurice Latour hérite de cet emplacement suite au décès de son épouse survenu en 1952.
Le dix-huit juin 1953, Cécilia Bourdeau-Poissant devient la nouvelle propriétaire du chalet. Au cours de l’hiver qui suit, elle prend quelques pensionnaires skieurs pour arrondir ses fins de mois.
Une nouvelle vocation du chalet Le Rouet s’installe. Le 21 septembre 1957, Pierre Lefebvre, devient le nouveau propriétaire.
Le terrain donne cinquante pieds sur deux cents ; « avec érigé dessus, une maison en bois rond et avec les servitudes actives et passives, apparentes ou occultes notamment : un droit de passage au Lac Val-David. 4 » C’est le début de l’Auberge Le Rouet.
Une seconde maison se trouve à quelque trente mètres de l’Auberge Le Rouet. C’est celle qu’avait construite en 1945 monsieur Hormidas Marinier.
En 1952, Alfred Sarrazin se porte acquéreur de cette belle maison en bois rond qu’il nomme Le Suisse, pour y poursuivre l’éducation de sa famille. Durant l’année 1954 Le Suisse est habité par Andrée Sarrazin et Fernand Dufresne, qui se marient au début de la même année. En 1955, Alfred Sarrazin vend Le Suisse à son fils Robert.
Pierre Lefebvre poursuit son rêve d’agrandir son auberge et en 1959 il achète le chalet Le Suisse de Robert Sarrazin..
Que faire de ces deux bâtiments pour donner à l’Auberge le Rouet, une réelle dimension touristique ?
Pierre Lefebvre qui en 1958 procède à l’agrandissement du premier chalet Le Rouet, retient les services de Stolan Davidson, un habile menuisier et un des rares à bien connaître le type de construction en bois rond, pour exécuter ces travaux.
Le réaménagement de la cuisine s’avère nécessaire à cause d’une clientèle florissante La cheminée du foyer qui domine le grand salon, occupe une place privilégiée pour les visiteurs, fait l’objet d’une restauration de première qualité pour en conserver le cachet d’origine.
Foyer de l’auberge Le Rouet. Source: BANQ
Dès l’année 1960, monsieur Lefebvre fait bâtir une rallonge au chalet Le Suisse. On construit quelques nouvelles chambres à coucher. Pour procéder à ces rénovations on choisit les meilleurs ouvriers du temps ; Roger Laverdure, Armand et Philippe Monette.
En 1963, pour rehausser le charme de l’Auberge et pour le plaisir de la clientèle on installe une grande piscine et des patios extérieurs.La façade arrière. Collection Société d’histoire et du patrimoine de Val-David.
En 1968, l’aubergiste, procède au raccordement de ses deux bâtiments. Il fait élargir la salle à manger, fait construire quatorze nouvelles chambres, une aire de réception et un sous-sol dans lequel sont aménagés des espaces pour des réunions de groupes, salle de jeux, salle de fartage de ski de fond et autres pour les services hôteliers. Ces travaux sont réalisés par Nazaire Nadeau un entrepreneur du nord.
L’étape finale du grand bâtisseur de rêves, vendeur de détente, de bonheur et d’ambiance !
L’aire de repas extérieure de l’auberge Le Rouet. Collection Société d’histoire et du patrimoine de Val-David.
En 1972, notre aubergiste fait ajouter six chambres à coucher et procède à la finition du fusionnement de ses deux bâtisses. Roger Laverdure et Michel Légaré exécutent ces derniers travaux.
L’auberge le Rouet , Collection Société d’histoire et du patrimoine de Val-David.
En 1983, avec l’arrivée à Val-David de l’artiste bavaroise Ute Schule, Pierre Lefebvre, impressionné par les talents d’Ute, fait décorer « à la bavaroise » les contours de plusieurs fenêtres et portes de son auberge. Pierre Lefebvre sera le tout premier client d’Ute Schule, qui s’exprime de ses talents et qui exécute une première œuvre à Val-David.
Avec ses trente chambres à coucher, son grand salon, ses spacieux espaces d’accueil et de services et une quinzaine d’employés que l’aubergiste sélectionne avec la plus grande minutie, l’Auberge le Rouet, rallie le charme d’un grand et confortable chalet en montagne, à l’atmosphère des grandes réunions de famille, là où l’ambiance fait toute la différence.
L’Auberge Le RouetŒuvre de Sonia Paquin, 2000
Malheureusement, l’édifice est détruit par un incendie dans la nuit du 14 au 15 mai 2009.
En complément
- Louise Arbique a rendu un bel hommage à Pierre Lefebvre dans le journal Le ZigZag en novembre 2018.