Le Baril roulant, ancienne salle de danse Laroche

Par Claude Proulx et Paul Carle

 

Le 10 octobre 1859, avec le Bon de colonisation numéro 4644, Louis Papineau, père, s’approprie le lot 32, dans le 11e rang du Canton de Morin. Cette même année, Papineau bâtit le Moulin à scier le bois pour les colonisateurs-bâtisseurs. En 1878, Joseph Bélisle, achète un terrain de 116 acres de Louis Papineau. Au décès de Joseph Bélisle en 1896, sa fille Marie-Louise, mariée au Sieur Charles l’Allier de Sainte-Agathe, hérite du terrain et le 15 avril 1929 elle vend pour 500 piastres, à Dame Lia Hillman-Doré, une parcelle de terre sur laquelle se trouve depuis 1886, l’atelier du premier forgeron du village, Adélard Laviolette, maréchal-ferrant.

C’est l’endroit précis où se trouve aujourd’hui Le Baril roulant, après l’auberge et restaurant le Creux du vent, l’auberge Le Relais de la Piste et la salle de danse Laroche.

Plusieurs, dit-on, se sont mariés grâce à leurs premières fréquentations à la Salle de danse Laroche. Selon les propos d’une demoiselle Laverdure, citoyenne de ce village : « La salle de danse était bien tenue et nos parents étaient sécurisés de savoir que nous fréquentions cet endroit, mais il fallait revenir à la maison pas plus tard que dix heures et demie et des fois on trichait un peu. Mon père qui était très sévère était venu me ramasser par la couenne du chignon vers minuit pour me ramener à la maison, après m’avoir servi une bonne leçon. C’est là que les gars de Ste-Agathe et de Ste-Adèle venaient nous rencontrer. Les soirées de danse commençaient au restaurant d’Honoré Saint-Louis, Chez Madelon, sur la rue de l’église, pour se terminer à la Salle Laroche qui elle, fermait plus tard! »

Le 27 avril 1938, monsieur Henri Laroche, marié à dame Agathe Brisebois, résidants à St-Jean-Baptiste-de-Bélisle, aujourd’hui Val-David, achète : « Par-devant maître Ulysse Hamel, notaire à Ste-Agathe-des-Monts, un terrain mesurant 60 pieds, sur 121 pieds, sur 200 pieds, en mesures anglaises, pour la somme de mille piastres, avec les bâtiments en place ».

Dès l’été de 1938, la famille Laroche y installe un nouveau commerce, que l’on appelle «La Salle de danse Laroche». C’était tout d’abord un restaurant où on y vendait principalement des hot dogs, patates frites, sandwiches, crèmes glacées et liqueurs douces. C’est l’un des principaux divertissements et rendez-vous des jeunes du village. Les soirées sont réservées à la danse. À partir d’un juke-box, chacun faisait jouer sa musique préférée. À cette époque, c’était les gars qui invitaient les filles à danser. Cinq cennes, était le prix à payer pour faire tourner un disque de danse.

Salle de danse Laroche à Val-David, Photo Roger Ouimet vers 1974. Archives de la SHPVD.

Le 21 août 1980, monsieur Laroche devenu rentier, vend son terrain et ses bâtisses à un artisan, dénommé Marc Dumas, pour la somme de vingt mille dollars. Le vendeur impose une restriction à l’effet que pendant quinze ans, l’endroit sera considéré comme résidentiel, à l’exception du commerce privé d’artisan de l’acheteur. Pour les besoins de son métier, monsieur Dumas effectue plusieurs rénovations et agrandissements au bâtiment principal. En 1982, les titres de propriété sont rapatriés par la Banque fédérale de placements, laquelle avait consenti une hypothèque.

Le 9 janvier 1983, c’est un monsieur Mathieu Gaudet qui devient le nouveau propriétaire des lieux pour la somme de dix mille dollars, « avec toutes les bâtisses et améliorations érigées ou en voie de construction et comprenant les machineries, outillages, équipements, ameublements, engins, fournaises, moteurs et accessoires qui y sont placés, pour y servir à l’exploitation de son entreprise, le tout, immeuble par nature ou destination ». Mathieu Gaudet aidé de son père Paul, qui habite les lieux avec son épouse, font d’autres travaux importants de rénovation.

Le 27 juillet 1996, Anne-Marie Katgely qui arrive de France, achète le terrain et le bâtiment pour la somme de cent mille dollars. Avec son conjoint Thierry Chaumont, ils aménagent six chambres à coucher à l’étage supérieur. Puis, au rez-de-chaussée, une cuisine, une salle à manger, une aire de réception, une terrasse extérieure et toutes autres commodités d’aubergerie et de restauration. On nomme cette Auberge; Le Relais de la Piste.

collection SHPVD collection SHPVD

 

Elle est dotée de permis de vente d’alcools. Dans un article paru en mars 1999 dans le grand quotidien La Presse, la journaliste tient des propos négatifs à l’égard de l’administration de l’époque. On se souviendra d’ailleurs du sottisier dont faisait l’objet la réputation de ce lieu. Le métier d’aubergiste n’est pas facile!

Le quatre juillet 2002, Catherine et Éric Blanchet arrivent de la France. Accompagnés de leur fille Alexandra et de son fiancé Lindsay Louis-Coralie, ils se portent propriétaires de l’Auberge Le Relais de la Piste, mais ce n’est que le vingt-cinq octobre de la même année que le contrat d’achat se conclut. Alexandra et Lindsay mettront à profit leur apprentissage d’aubergistes et ils se distingueront notamment par leur accueil chaleureux. Quoique Alexandra soit bien supportée financièrement par ses parents, le métier d’aubergiste est très exigeant… Pas facile… La toque!!!!

Puis enfin, le dix octobre 2004, Bernard Zingre et sa conjointe Brigitte Demmerle deviennent les nouveaux propriétaires de l’auberge et restaurant, rebaptisée « Le Creux du vent », qui d’ores et déjà inspire favorablement nos villageois. L’ouverture officielle se fera le 4 février 2005. Lors de cet événement, où une centaine de personnalités sont invitées, Bernard et Brigitte, nous ont accueillis à un Cocktail dînatoire, lequel connut un véritable succès et eut ses résonances jusque dans les grandes Villes. La formule du cocktail dînatoire importée par Le Chef Bernard Zingre et Brigitte s’est répandue comme un raz-de-marée dans tous les cantons du Nord et milieux touristiques des Laurentides.

Bernard Zingre est arrivé au Canada en novembre 1993. Toqué des grandes Écoles d’hôtellerie européennes il devient professeur de cuisine et d’administration hôtelière au Collège LaSalle à Montréal et Consultant en la matière auprès des principaux établissements à Mont-Tremblant. Sa conjointe Brigitte, avant de venir s’installer à Val-David oeuvrait à la Banque Nationale comme directrice de la formation du personnel. En 2007, un fils Nicolas, né en 1990 d’un premier mariage, suivra les traces de son père, il poursuit ses études de cuisine en Suisse et leur fille Arika née à Montréal en 1998, fréquente l’école St Jean-Baptiste à Val-David. Pierre Demmerle, le père de Brigitte est constamment présent dans nos quotidiens de nous dire Bernard. Il est dévoué au succès de notre auberge, autant sur le plan de l’administration que dans les détails « d’homme à tout faire » que nous apprécions grandement.

Le savoir-faire et le professionnalisme donne ses fruits : Aux Grands Prix du Tourisme Desjardins Laurentides de 2006, Le Creux du Vent se mérite une mention d’honneur et Le Prix d’Excellence aux Réalisations Provinciales 2006, dans la catégorie des Gîtes et Auberges du Passant.

En 2015, la brasserie artisanale Le Baril roulant installe un second point de vente en rachetant l’auberge. Héritage de ces valeureux bâtisseurs, Le Baril roulant nous offre aujourd’hui un beau bâtiment, qui s’inspire du courant d’architecture traditionnelle villageoise, lequel sied bien à notre milieu.

Le Baril roulant en 2018, Photo Jean-Patrice Desjardins.