Par Claude Proulx
» Lorsque nous arrivâmes sur les lieux, nous fûmes ébahis par la beauté de cette vaste nature, sur laquelle, tombe, à quatre lieues de distance, comme une draperie d’azur, le rideau des Laurentides. De l’auberge qui commençait à s’en aller à vau-l’eau, mais qui se trouvait gracieusement campée sur une terrasse à flanc de coteaux, nous admirâmes le paysage, alors qu’un village paisible semblait se reposer dans le calme de sa vallée que sépare monts et collines ; ce fut un gros coup de foudre. Cette vue de l’arabesque du Mont-Césaire, puis de l’aiguille du Mont-Condor nous jeta soudainement dans les bras accueillants de notre rêve. » Bernard DePierre et Francine Hudon
Le Chalet Beaumont, est situé sur une partie du lot originaire numéro trente deux, dans le onzième rang du Canton Morin, au 1451, rue Beaumont à Val-David.
En 1912, l’agent des Terres de la Couronne accorde à Léonidas Dufresne, un « billet de location » pour le lot numéro trente deux. Ce dernier vend une parcelle de terre à Eugène Saint-Louis époux de Clémentine Gascon, qui, le 31 mai 1935 en revend une partie à son fils Arthur, époux de Anita Rivard.
Le Chalet Beaumont en 1941. Dessin de Sonia Paquin, 2000.
Le 27 janvier 1942, l’Abbé Léo Vinet achète un morceau de terre de monsieur Saint-Louis. C’est sur cet emplacement qu’est érigé plus tard le Chalet Beaumont.
Durant l’été de 1941, l’abbé Jean-Bernard Gingras, professeur à l’université de Montréal, et l’Abbé Léo Vinet réquisitionnent les services de Léonidas Dufresne, alors entrepreneur, pour exécuter des travaux d’érection d’un camp de vacances destiné aux étudiants de la Jeunesse Technique de Montréal.
L’ouvrage est terminé le vingt août 1942, le jour de la Saint-Bernard. L’emplacement est nommé Le Camp Montjoye. Le bâtiment en bois rond de deux étages, est solidement ancré sur une fondation de pierre des champs.
Le Chalet Beaumont au 1451, rue Beaumont, fut fondé en 1942 par l’abbé Léo Vinet
Il mesure quelque soixante quinze pieds sur cinquante. À l’intérieur, on aménage une salle à manger, une dizaine de chambres à coucher, un grand salon et une petite chapelle. Dans le milieu de la salle commune, une immense cheminée-foyer est bâtie en pierres. Elle est cantonnée d’un âtre à double voie, ornée d’un coté d’une croix et d’une fleur de lys sur l’autre façade. Adélard Ouimet et Léopold Brisebois sont les principaux artisans des travaux de menuiserie.
Le vingt-deux janvier 1947, par-devant Maître Ulysse Hamel, notaire à Ste-Agathe-des-Monts, l’Abbé Léo Vinet et son ami l’Abbé Bernard Gingras vendent Le Camp Montjoye à monsieur Jean-Louis Arbique, un professeur à Montréal.
Dans cet acte de vente, une nomenclature d’une cinquantaine d’effets mobiliers font l’objet de la transaction et notamment ; un crucifix, un autel et un chandelier rustique.
Le nouveau propriétaire renomme l’établissement : « Le Chalet Beaumont ». Les membres de la famille de monsieur Arbique viennent passer les étés et les fins de semaine à Val-David. Vers 1952, le Chalet Beaumont est loué au Mouvement de l’Ordre de Bon Temps.
Le Père Ambroise Lafortune qui amène régulièrement le groupe «La Cordée» et le groupe «Feu de Joie», mentionne dans ses récits : Le Chalet Beaumont est la première auberge de jeunesse au Québec dans cette lignée du début des années cinquante.
Plus tard, la Maîtrise des Scouts de Montréal, fait du Chalet Beaumont, un centre de formation pour les chefs Scouts. Enfin, durant quelques années le Camp Beaumont, comme certains le nomme, dirige un centre d’équitation qui devient très populaire et qui donne naissance au Centre d’équitation à Val-Morin.
Le quatorze juillet 1978, monsieur Arbique vend le Chalet Beaumont à André Lafrance, René Lavallée, Paul Schoeters et Ginette Dulac-Champagne, lesquels acquéreurs déclarent devoir former une compagnie pour opérer le commerce.
«Mais, le trois octobre 1979, par un jugement de la Cour, présidée par Me Henri Prévost, protonotaire spécial pour cette cause, ordonne de remettre possession de l’auberge à monsieur Arbique, car les acheteurs n’ont pas satisfait aux conditions de la vente.»
Le treize du mois d’août 1980, alors que la famille Arbique aura été propriétaire du Chalet Beaumont pendant trente quatre années, Roland-Pierre Beaudry s’en porte acquéreur mais,
«le quinze août 1982, monsieur Beaudry se voit dans l’obligation de céder Le Chalet Beaumont, à titre de dation en paiement volontaire, en faveur de l’institution financière Les Immeubles Beneficial Limitée.»
Bernard De Pierre et sa conjointe Francine Hudon achètent le Chalet Beaumont, le dix novembre 1982.
Depuis qu’ils opèrent l’Auberge, Bernard et Francine, n’ont pas cessé de travailler fort pour mettre en place une entreprise, qui, aujourd’hui, est devenue prospère et qui connaît une renommée internationale.
Le Chalet Beaumont en février 1991. Collection journal Ski-se-Dit.
Dès leur arrivée, des réfections importantes sont exécutées. On érige en 1994 une grande rallonge du coté est, ce qui ajoute une dizaine de chambres ; on agrandit l’ensemble des dépendances du domaine ; on installe des abris d’équipements sportifs et on érige un bâtiment de service lesquels jouxtent l’auberge. Puis, le fond de terre est aménagé de verdure, d’arbres et de petits sentiers…
Par la suite, le Chalet Beaumont deviendra le rendez-vous des montagnards, skieurs, cyclistes, grimpeurs, randonneurs et amateurs de plein air. Ils arrivent de l’Europe, des Amériques et d’Asie.
Ce joyau touristique s’intègre bien au patrimoine bâti du Village de Val-David.
Le Chalet Beaumont, arrière, 1999. Photo Sonia Paquin.