Le domaine de l’hôtel La Sapinière

Par Claude Proulx et Paul Carle

 

Le trente juillet de l’année 1917, monsieur Léonidas Dufresne achète un grand terrain situé sur le lot numéro trente, du onzième rang, dans le canton Morin, d’un dénommé Henry Berlind, président de la Installment Sales Company.

 
 

Lieu de baignade dans le lac Val-David (qui deviendra le lac de la Sapinière) à partir du pont. Collection Jacques Dufresne.

Vue du Lac Val-David avant qu’il ne devienne le Lac de La Sapinière vers 1919.

Fils de Dosithée et petit-fils du colonisateur Jean-Baptiste ; Léonidas Dufresne est né en 1883 sur le territoire de Mont-Morin, nom que porte notre arrondissement à cette époque, alors que nous faisons partie de la Municipalité de paroisse de Sainte-Agathe-des-Monts. Léonidas Dufresne se marie à Olivine Dussault en février 1912.

En 1921, notre territoire est érigé en La Municipalité de Saint-Jean-Baptiste de Bélisle et Léonidas Dufresne en devient son premier maire, jusqu’en 1939.

Au printemps de 1933, Léonidas Dufresne, érige un barrage à même le ruisseau Doncaster, lequel s’alimente principalement du déversement des eaux qui descendent des montagnes du premier et du deuxième rang du canton Doncaster et du onzième rang du canton Wexford.

Notre bâtisseur construit un lac artificiel qu’il nomme le Lac Dufresne. Le site est propice et il se prête bien à son projet. On exécute des travaux de dragage des abords du ruisseau avec des scrapers tirés par des chevaux.

Dès l’automne, l’eau du lac est régularisée au niveau du ruisseau et au printemps elle est exhaussée pour reformer le lac. Jean-Louis et Alfred Dufresne les deux fils de Léonidas, participent aux opérations de dragage avec des citoyens du village et notamment ; Naphtalie Ouimet et plusieurs membres de la famille Vendette.

Plus tard, ce plan d’eau est officialisé sous la dénomination : Lac La Sapinière.

Partie du complexe de La Sapinière sur le bord de l’eau. Collection Jacques Dufresne.
 

 Mise à l’eau d’un canot à l’hôtel La Sapinière, Photo: BANQ

 

Au printemps 1936, toujours à la recherche de nouvelles idées, notre bâtisseur poursuit son œuvre en construisant un camp pour bûcherons sur les berges de son lac.

 
 
L’Hôtel la sapinière en 1936. Dessin de Sonia Paquin. 

 

D’une vingtaine de chambres, il nomme son gîte « Le Chalet La Sapinière ». Ce premier bâtiment qui mesure environ cinquante pieds sur trente six et qui fait deux étages est érigé de billots de bois rond et solidement ancré sur une fondation de pierres, cueillies des lits des ruisseaux environnants.

Des ouvriers du village, notamment ; Adélard Ouimet et Léopold Brisebois, en sont les principaux menuisiers. Louis-Joseph Gervais, travaille à écorcer les billots de bois.

Les anciens du village, nous racontent que le bâti architectural, est érigé en s’inspirant de certaines traditions norvégiennes, dont celui du Manoir qu’avait fait construire en 1929, monsieur John Wilson McConnell, au Lac du Gore, dans le huitième rang du canton Morin, d’après les plans d’un architecte norvégien.

Les manœuvres de notre village, avaient, semble-t-il, participé à la construction du Manoir McConnell et avaient acquis, là, une expérience de ce type de construction.

En 1938, Jean-Louis Dufresne, le fils aîné de Léonidas, prend la relève à la gérance de l’établissement qu’il nomme l’Hôtel La Sapinière

 

La Sapinière l’année de sa construction et de son ouverture, en 1936.
 

Façade avant de La Sapinière et jardin décoratif à l’entrée (après 1938). Collection BAnQ.
Carte postale, 1946, La Sapinière vue de l’autre côté du la

En 1940, monsieur Dufresne procède à l’agrandissement du bâtiment principal et fait construire vingt nouvelles chambres à coucher.

Chambre à coucher La Sapinière (après 1938), carte postale couleur, Montréal, La photo Modèle,
 

Puis en 1956, on érige un pavillon hôtelier et au fil des ans, d’autres pavillons sont bâtis sur le domaine de La Sapinière. Du coté Ouest du bâtiment principal on construit des salles de réunions et sur son coté nord une immense salle à dîner est aménagée.

Salle à dîner, La sapinière ; Montréal, La Photo modèle, carte postale couleur non datée

Une grande salle de rencontres et un bar-dancing sont installés du coté sud-est de l’édifice principal.

Dans la partie sud-est du domaine, on érige un bâtiment que l’on nomme Le Rendez-Vous des Sportifs, puis un garage et un entrepôt de service.

 

Enfin, vers 1980, on recouvre les façades de pierres taillées, au niveau du rez-de-chaussée du bâtiment principal, ce qui lui donne une fière allure. Ce dernier constitue un complexe d’une grande envergure avec ses quelque deux cents pieds de longueur.

Six autres bâtiments d’hébergement font aussi partie de l’emprise hôtelière et parmi ceux-ci, deux sont au courant d’architecture traditionnel et les autres de type motel.

Une magnifique résidence familiale est érigée en 1958, à proximité de l’Hôtel La Sapinière, sur la partie est, du domaine des Dufresne. On y accède par un petit pont que le propriétaire fait construire sur le ruisseau Doncaster.

Le Domaine La Sapinière se situe sur une superficie de terres de 2 022 860 pieds carrés, à l’adresse civique du 1244, chemin de la Sapinière à Val-David, sur le lot 30-77, onzième rang du Canton Morin, dans la paroisse cadastrale de Ste-Agathe-des-Monts dans le comté de Terrebonne.

Cette superficie est réduite en l’an 2000, alors qu’une bonne partie est vendue à la Municipalité du Village de Val-David, pour en faire un parc régional.

Madame Émérence Ducharme-Dufresne et son époux monsieur Jean-Louis Dufresne ont toujours considéré leur établissement hôtelier comme un prolongement de leur résidence privée et leurs clients comme des amis. Cette conception de l’accueil explique bien l’atmosphère chaleureuse, réservée à une clientèle fidélisée et la popularité internationale de sa fine cuisine et de sa prestigieuse cave à vins.

Durant ses belles années, l’Hôtel La Sapinière embauche plus d’une centaine d’employés, parmi lesquels, un grand chef cuisinier, de réputation mondiale ; monsieur Marcel Kretz, qui, par son professionnalisme a largement contribué au maintien de la réputation internationale de ce fleuron touristique de notre village et des Laurentides. Un des derniers chefs cuisiniers a été le très réputé Jocelyn Lemieux.

Photo de Marcel Kretz, cuisinier à La Sapinière, illustrant une de ses recettes dans un cahier spécial. 8 mars 1970
  
Groupe d’employés de La sapinière vers 1951. 

Au début des années 2000, le domaine hôtelier est géré par madame Marie-Paule Richard avec ses propriétaires monsieur Jean-Louis Dufresne et sa fille Marie-Andrée.

Le Domaine de La Sapinière a longtemps fait la fierté du patrimoine bâti et de l’histoire du village de Val-David. Fermé au public depuis novembre 2013, La Sapinière va renaître avec un projet de centre de santé et de bien-être et d’hôtellerie orchestré en 2018 par Diane Beaudry, propriétaire depuis mars 2014.  http://valdavid.com/nouvelles/val-david-ravi-daccueillir-le-premier-centre-ora-spa-a-la-sapiniere/

Carte postale publicitaire de La Sapinière, qui était à cette époque dirigée par Jean-Louis Dufresne. 1986
 
Photographie de La Sapiniere illustrant une carte postale. 27 juin 1981
 
Hôtel la Sapiniere, 2007. Hôtel la Sapiniere, 2007. Photo Sonia Paquin