Histoire et généalogie des familles «Ménard dit Saint-Onge»

Par Claude Proulx

 

Famille-Menard

À Val-David, en 2002, seize familles portent le nom de Ménard pour une population d’environ cinquante résidants et dans les quatre-vingt-dix-huit villes et villages des Laurentides, on dénombre quelque trois cents familles de la lignée des MÉNARD(1), pour une population d’environ neuf cents, que les généalogistes disent descendre de leur ancêtre Pierre Ménard, qui débarqua en Nouvelle-France en 1665 comme soldat du régiment de Carignan, en provenance de la France. (2)

Pierre Ménard est né en 1636, à Saint-Pierre-des-Saintes en Saintonge, une partie de la Charente-Maritime, sur l’Atlantique, partie occidentale de la France. Le soldat Ménard s’installe dans la seigneurie de Saint-Ours, sur les bords de la rivière Richelieu, à une quinzaine de kilomètres du fleuve St-Laurent, là où son capitaine de compagnie, Pierre de Saint-Ours, lui concède une terre. Pierre Ménard y exerce le notariat et la cordonnerie.

En 1670, Pierre Ménard épouse Marguerite Deshayes, une fille du Roi. Ils ont sept enfants, tous nés à Saint-Ours : Marie-Marguerite en 1671, Pierre II en 1672, Marie-Madeleine en 1674, Geneviève en 1677, Catherine en 1679, Adrien en 1682 et François-Marie en 1685. (2) Pierre Ménard décède en 1694.

Olivier Ménard et son frère Narcisse, fils de Joseph Amable Ménard de Saint-Benoît, sont les descendants de Pierre I et Pierre II, puis, suivront Anthime fils d’Olivier né à Ste-Adèle (Lac Paquin – Val-David) le 28 octobre 1878, son fils Georges, né à Montréal le 8 janvier 1912 et sa fille Annette Ménard-McKay, née à Montréal le 5 septembre 1949.

Douze ans après le feu de la Rivière-du-Chêne, le 20 août 1849, les habitants du petit village de Saint-Jérome, voyaient passer dans leurs rues trois gars robustes, dont la taille élancée attirait tous les regards. La figure illuminée, le pas léger, ils marchaient gaiement, allant droit devant eux, comme des militaires qui vont à l’assaut. C’était à la vérité, de vaillants soldats, sortis d’un foyer de patriotisme, Saint-Benoît, qu’on appelait alors « le Grand-Brulé ». Enfants ils avaient été témoins des événements de 1837. Ces braves avaient parcouru à pied une distance de trente milles, portant sur leurs épaules un énorme bissac et l’arme dont ils avaient besoin pour livrer la bataille. Il leur restait vingt-quatre milles à franchir à travers les forêts et les montagnes pour arriver au lieu de combat : dans le 7e et 10e rang du Canton de Morin au nord de Sainte-Adèle.
Ces soldats d’un nouveau genre, on l’a deviné, étaient des colons. Leur arme, la hache du défricheur. Le plus grand des trois, Narcisse Ménard, mesurait six pieds et trois pouces, son frère Olivier, presque aussi grand et le troisième plus petit, mais vigoureux, c’était Jean-Baptiste Dufresne. Les deux Ménard avaient laissé leurs jeunes épouses à leurs foyers; Dufresne, pas moins courageux, avait quitté une fiancée, sœur des Ménard, qu’il devait épouser l’année suivante, le 19 août 1850 à Saint-Benoît.

À cette époque, Saint-Jérôme était l’endroit reculé le plus habité au nord de Montréal, c’était au bout du monde. Cependant, D.Quinn, l’arpenteur qui venait de tracer les limites du Canton de Morin, encouragea le gouvernement à ouvrir de nouveaux champs de colonisation. Un grand nombre de jeunes gens, venus des paroisses du sud, accoururent pour s’emparer de ces terres nouvelles. Pour sa part, Olivier Ménard prit le lot nº 26 du 10e rang Morin; Jean-Baptiste Dufresne s’empara du lot nº 27 et Narcisse Ménard choisit le lot nº 1, du septième rang. Grâce à la disposition de ces rangs, nos trois héros se trouvèrent voisins.

Dès leur arrivée, ils se construisirent chacun une maisonnette, puis s’attaquèrent avec ardeur à la forêt, abattant et culbutant les érables, les sapins et les grands pins. L’été suivant ils s’en furent chercher leurs jeunes compagnes qu’ils conduisirent dans leurs nouveaux foyers. Elles durent, comme leurs maris, portant de lourds fardeaux sur leurs épaules, parcourir à pied cette longue route de cinquante milles. Une femme d’âge mûr, mesurant près de six pieds, les accompagnait, les encourageant de la parole et du geste; c’était la mère Ménard ou, comme on l’appelait, la vieille Ménard, mère de Narcisse, d’Olivier, de Flavie la nouvelle épouse de Jean-Baptiste Dufresne, et la grand-mère de tous les Ménard et de tous les Dufresne, cette race de géants, qui ont escaladé et fécondé nos montagnes. La femme d’Olivier Ménard s’appelait Adélaide Dufresne, celle de Narcisse, Angélina Usereau.

Tels furent les premiers colons qui s’emparèrent du sol sur lequel devait s’élever la paroisse de Sainte-Agathe-des-Monts en 1861; St-Jean-Baptiste-de-Bélisle en 1921 qui deviendra Val-David en 1944.

En 2002, à Val-David, les familles Ménard ont perpétué les traditions de leurs ancêtres, citons les familles d’Alain, Annie-Claude, Benoît, Claude, Éric, Isabelle, Jean-Marc, Laurent, Martin, Nathalie, Normand, Pascal, Pauline, Philippe, Rhéal, Robert, Sylvain et Sylvie

LA MÈRE MÉNARD De son vrai nom : Marie Charlotte, Josephte Chartrand.
Elle avait épousé Pierre-Amable Ménard et était devenue veuve en 1847.

 
 
 
Flavie Ménard et Jean-Baptiste Dufresne vers 1948. Source: Journal Ski-se-dit 2009

« Cette courageuse femme, qui mériterait deux fois le titre de colonisatrice, d’abord parce qu’elle fut la mère et la grand-mère d’un grand nombre de colons, ensuite parce qu’elle avait une taille de géante; joignait à une force extraordinaire une grande bonté d’âme. Elle fut la sage-femme, la garde-malade, la sœur de charité pour soulager et guérir toutes les souffrances physiques et morales. À pied, à cheval, par monts et par vaux, elle ne refusait jamais d’aller porter secours à ceux qui réclamaient ses soins, et surtout aux plus pauvres et aux plus misérables. Elle a présidé la naissance d’un grand nombre de grands-pères et de grands-mères de nos concitoyennes et concitoyens. Qui n’avait entendu parler du Lac de la mère Ménard? Car, elle avait un lac à elle; on l’appelle encore le lac de la Vieille Ménard. Comme ce lac est petit, personne ne pouvait aller y pêcher sans sa permission. Tous les hivers, elle perçait et entretenait des ouvertures dans la glace, pour y prendre de la truite et malheur à celui qui était surpris à pêcher dans le Lac de la Vieille Ménard. » (3)


(1) Bottin téléphonique Laurentides de Bell, juillet 2001 – 2002
(2) Généalogie des Ménard, Annette Ménard-McKay, 1978
(3) E.Grignon, Album historique, 50e de la paroisse Ste-Agathe, 1912

 

 

En complément